Pallier la pénurie de main d’oeuvre: le défi de Canadel

EMPLOI. Dans le contexte actuel de la pénurie de main d’œuvre qui sévit partout au ­Québec, de nombreux entrepreneurs tentent de trouver des moyens de pallier le manque d’employés, tout en maximisant la production ouvrière.

Parmi les options dont disposent ces entrepreneurs, plusieurs d’entre eux semblent se diriger de plus en plus vers la tendance à la «  délocalisation  ». Pour ­Canadel à ­Louiseville, cependant, l’option n’est pas dans les intentions de la direction générale.

La «  délocalisation,  » ou la possibilité de produire à l’extérieur de la province, serait une avenue étudiée par 33 % des 83 membres de l’Association des fabricants de meubles du ­Québec (AFMQ), selon un récent article publié par ­La ­Presse. Ces entreprises ont commencé ou étudieraient la possibilité de produire des meubles à l’extérieur du ­Québec. Notamment, on observe une tendance en ce sens à ­Juarez, une ville dans le nord du ­Mexique, et qui sont par la suite ramenés auprès de ces manufacturiers, au ­Québec.

Pour ­André ­Giguère, ­président-directeur général chez ­Canadel, la fabrication de meubles au ­Québec a toujours été d’une importance capitale. «  ­On veut pouvoir garder l’étiquette ­Made in ­Canada sur nos produits. C’est important aussi de garder ça à ­Louiseville, que cette entreprise continue de vivre et de perdurer dans le temps. On en est à notre 40e année de services cette année, et on ne vise rien de moins qu’un autre quarante ans,  » soutient le ­PDG.

Réussir à attirer des travailleurs internationaux

Dans le contexte actuel, M. Giguère concède qu’il doit en faire plus pour soutenir la pérennité de l’entreprise, s’il veut s’assurer qu’elle puisse continuer de produire pour plusieurs années encore. Dans cette optique, il soutient que ­Canadel poursuit, depuis plusieurs années déjà, l’attraction de travailleurs internationaux, pour venir prêter main forte aux employés.

«  ­On a déjà commencé à recevoir des travailleurs étrangers, au niveau de l’immigration. On a également des ­sous-traitants, qui font des pièces pour nous, que ce soit en ­Chine ou au ­Vietnam,  » dit M. Giguère.

Par contre, cette voie vient bien sûr avec son lot de défis. Si M. Giguère dit qu’il n’est pas très dur d’attirer ces travailleurs et de les convaincre de venir travailler à ­Louiseville, il déplore (et n’est pas le seul à le faire) le grand manque de rapidité dans le processus, qui peut dans plusieurs cas prendre jusqu’à 16 mois. Et une fois qu’ils parviennent à recruter ces travailleurs étrangers, le travail des entrepreneurs ne s’arrête pas là.

Avec l’aide du gouvernement fédéral, ­André ­Giguère veut travailler pour assurer une bonne intégration des immigrants en région. «  ­Autant ici à l’interne, dans les murs de ­Canadel, avec nos parrains qui vont aider ces personnes à s’intégrer à leur travail, que dans la communauté, à ­Louiseville, dans leurs activités de vie quotidienne. On ressent le besoin de les accueillir et de les intégrer dans notre société.  »

À l’approche de la campagne électorale provinciale, à l’automne, ­Canadel a l’intention de jumeler ses demandes à celles d’organismes tels que ­AFMQ et la ­Chambre de commerce et d’Industrie de la ­MRC de ­Maskinongé. Ces organismes veulent tous faire valoir au gouvernement les grands défis que représentent le long processus d’arrivée des immigrants au ­Québec, dans le but de recevoir ces employés plus rapidement.

Une autre stratégie pour tenter de maximiser son nombre d’employés est d’essayer de repousser la prise de retraite chez les employés. La directrice des ressources humaines, ­Joanne ­Langlois, explique qu’il relève d’une grande importance de se servir de l’expérience des employés de longue date pour pouvoir former les nouveaux. Le défi est donc d’essayer de les faire remplacer avant qu’ils quittent pour la retraite, de sorte à effectuer une période de transition, ce qui favorise la formation. Canadel se penche également vers cette optique.

Robotisation

Entre temps, le fabricant de meubles continue une voie entamée depuis déjà plusieurs années, et qui est reprise par de nombreux entrepreneurs à travers le monde : le virage 4.0. Même si ­Canadel ne suit pas encore entièrement ce mode, elle veut s’approprier de plus en plus l’idée de la robotisation des opérations, sans toutefois adopter ce modèle à 100 % pour conserver l’aspect de la personnalisation des produits.

Sur approximativement 550 employés en ce moment, ­Canadel en compte environ une trentaine qui proviennent de l’étranger.