« On est face à une privatisation en douce du réseau de la santé »

RÉGION. Le Conseil central du Cœur du Québec CSN sonne l’alarme sur l’exode des médecins vers le secteur privé et annonce son plan d’urgence pour contrer la privatisation de la santé et des services sociaux.

Ce plan se résume à trois grandes actions: mettre fin à l’exode des médecins vers le secteur privé, mettre fin à l’octroi des permis de cliniques privées à but lucratif et décréter un oratoire sur tous les projets de privatisation du travail du réseau public.

« On est face à  une privatisation en douce du réseau de la santé, lance Pascal Bastarache, président du Conseil central du Coeur du Québec – CSN. Les médecins sont formés par les services québécois et on en voit ensuite aller au privé pour faire des profits. Ça nuit aux services de santé publics. Je pense justement à un neurochirurgien qui a fait sept sauts public-privé en un an. Toutefois, il y a  2080 personnes en attente pour ce type d’expertise dans le réseau public, dont 82% qui sont hors délai. C’est un mécanisme qu’on veut dénoncer. »

La CSN déplore également que 86% des fonds dédiés aux services à domicile soient octroyés au privé. « C’est le genre de chose qu’on doit décrier. On a les ressources nécessaires dans la région et du personnel qualifié. Pourquoi ne pas les utiliser pour donner des soins et des services acceptables et mettre de côté l’ambition de compagnies qui veulent faire du profit là-dessus », poursuit M. Bastarache.

Pascal Bastarache, président du Conseil central du Coeur du Québec – CSN (Photo Marie-Eve Alarie)

« C’est un mythe de dire que le privé est complémentaire au réseau public, affirme Frédérick Beaulieu, président du Syndicat du personnel de bureau, des techniciens et des professionnels de l’administration du CIUSSS MCQ. Le gouvernement se cache derrière Santé Québec en ce moment. Le privé priorise des opérations payantes, mais quand il y a des complications, les gens sont renvoyés au public. Le privé vampirise les ressources du réseau public. Imaginez si les médecins au privé se consacraient à soigner tous les Québécois plutôt que les mieux nantis. »

M. Bastarache concède cependant que l’obligation aux nouveaux médecins de pratiquer cinq ans au public, mise de l’avant par le gouvernement, est un pas dans la bonne direction.

« C’est un début. On est content de voir ce virage, mais quand on regarde le temps que ça prend, je pense que ça prend en moyenne une dizaine d’années pour bien former un médecin pour le marché du travail. Selon nous, c’est un bon début, mais c’est une mesure inefficace à court terme parce ça va prendre du temps avant que les nouvelles cohortes arrivent sur le plancher », note-t-il.

La CSN lance une pétition en ligne, disponible au https://bit.ly/3WgGySL, pour demander au gouvernement d’aller de l’avant avec les trois mesures demandées par la CSN.