Non à la prière, oui au recueillement!
LOUISEVILLE. La salle communautaire était bondée de citoyens, le 11 juin dernier, lors de la séance publique du conseil municipal de Louiseville. Si certains participants s’attendaient à voir le retour de la prière, le maire de Louiseville a trouvé une autre alternative afin de respecter la décision de la Cour suprême du Canada de l’interdire. Yvon Deshaies a affiché ses couleurs dès le début de la rencontre. En admettant avoir été un peu malhabile lorsqu’il a évoqué publiquement vouloir ramener la prière au conseil municipal, le maire de Louiseville a d’emblée indiqué à la soixantaine de citoyens présents qu’il y avait eu une mauvaise interprétation de ses propos. Seul à l’avant de l’assistance, le maire de Louiseville a d’abord fièrement accroché un crucifix sur le mur d’y aller d’une nouvelle proposition tenant compte de ses croyances religieuses. Il a rappelé que, selon la Charte canadienne des droits et libertés, « le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit. » Il a ensuite suggéré un moment de recueillement en récitant un extrait de l’Ô Canada, l’hymne national canadien, créé notamment par Ernest Gagnon, originaire de Louiseville. «Je souhaite reproduire ça avant chaque séance publique du conseil municipal. Je sais très bien que ça va plaire et que ça va déplaire, mais moi j’aime ça et ça me fait plaisir. Un Louisevillois a participé à cet hymne. C’est quelque chose qui est chanté partout dans le monde. C’est une belle fierté pour nous et en plus, on respecte la loi!», affirme-t-il. Cette idée du maire de Louiseville a été proposée par la conseillère Sylvie Noël et a majoritairement été adoptée par les membres du conseil municipal de Louiseville qui se sont levés un à un pour l’appuyer. Seul, le conseiller Mike Touzin a préféré ne pas se prononcer sur la question. Les citoyens présents se sont montrés favorables à cette proposition. Devant les applaudissements de la salle, Yvon Deshaies a déclaré ne pas avoir à soumettre cette question en référendum. Dans le même ordre d’idées, M. Deshaies a également fait savoir que la Cour suprême n’interdit pas la présence du crucifix. C’est pourquoi il a déjà annoncé que le crucifix qui était déjà présent dans la salle du conseil sera remplacé par un plus gros. «Ça fait partie de notre identité québécoise. On en avait un petit à l’hôtel de ville. Celui-là, c’est un monsieur de Louiseville de plus de 90 ans qui est venu me le porter il y a 15 jours et m’a demandé la possibilité de l’accrocher. C’est ce que je souhaite faire, si le conseil est d’accord. Il appartenait à son père et à son grand-père. Le crucifix n’est pas interdit présentement… pas encore», précise-t-il. Des citoyens critiquent la décision Michel Thibeault, ce citoyen de Louiseville, dénonçait vivement sur les réseaux sociaux le retour éventuel de la prière à Louiseville et les sorties publiques du maire de Louiseville. M. Thibeault n’avait pu s’exprimer lors de la séance du mois passé puisqu’Yvon Deshaies avait refusé d’aborder les questions entourant la prière, la religion et les accommodements raisonnables étant donné que la séance se tenait à l’extérieur de la salle du conseil, elle qui faisait toujours l’objet de travaux, la semaine dernière. Or, tel que prévu, Michel Thibeault était présent lors de la rencontre publique du conseil, lundi dernier. Sa présence a toutefois été de courte durée. Pendant la séance, il a réagi sur sa page Facebook. «Le crucifix est de retour à Louiseville depuis ce soir; une salle bondée de Louisevillois fiers et enthousiastes de cette décision. Les références à Dieu seront omniprésentes. Le conseil va également citer un extrait de l’hymne national canadien à chaque conseil. La religion catholique vient de renaître à Louiseville et le Canada prend toute la place. Le message semble clair: les Louisevillois appuient leur maire qui fait revenir la religion et l’appui au fédéral sans pudeur dans l’espace public. Respectons la majorité. Louiseville n’est plus chez moi», exprime-t-il. D’autres internautes et citoyens ont également critiqué cette décision de la Ville de Louiseville en réagissant aux commentaires de Michel Thibeault. Extrait récité Ô Canada! Terre de nos aïeux. Ton front est ceint de fleurons glorieux! Car ton bras sait porter l’épée, Il sait porter la croix! Ton histoire est une épopée, Des plus brillants exploits. Et ta valeur, de foi trempée, Protégera nos foyers et nos droits. Que Dieu protège notre pays, sa gloire et sa liberté Le saviez-vous? Ernest Gagnon est né à Louiseville le 7 novembre 1834. Il devient secrétaire du premier ministre du Québec Sir Charles-Eugène Boucher de Boucherville. En 1880, il propose un hymne national et persuade Calixa Lavallée d’en composer la musique. Son ami Juge Adolphe-Basile Routhier adapte des vers et Ernest Gagnon entonne et compose le premier vers: «Ô Canada, terre de nos aïeux». (D’après les informations de la Société d’histoire et de généalogie de Louiseville/Jeanne-Mance Lavoie) Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon