Mobilisés pour demander le statu quo

École Villa-de-la-Jeunesse

ÉDUCATION. Ils étaient un peu moins d’une centaine de parents et de citoyens de la communauté à s’être réunis dans le nouveau gymnase de l’école Villa-de-la-Jeunesse de Saint-Élie-de-Caxton, le 19 juin dernier, pour mieux comprendre les motivations de la Commission scolaire de l’Énergie de procéder à des changements dans l’organisation scolaire de cet établissement lors de la prochaine année, lesquels entraînent la suppression de deux postes d’enseignantes et le jumelage de niveaux dans les classes.

La Commission scolaire de l’Énergie avait organisé cette rencontre publique afin d’expliquer la décision et du même coup rassurer les parents des élèves inquiets face à ces modifications. Flanqué du directeur de l’école, François Thiffault, du député de Maskinongé, Simon Allaire, de la vice-présidente de la commission scolaire, Patricia Pépin et du commissaire Guillaume Frigon-Gélinas, le directeur général de la commission scolaire, Denis Lemaire, a partagé à la population les perspectives d’avenir à l’école Villa-de-la-Jeunesse et a ouvertement accepté de répondre aux questions des citoyens qui ont malheureusement été informés des changements à venir par leurs enfants après qu’une enseignante ait partagé cette information, ce que M. Lemaire qualifie de «maladresse».

Les faits

Lors d’une séance du conseil d’établissement de l’école Villa-de-la-Jeunesse, la direction de l’école a présenté le budget et les services pour l’année scolaire 2019-2020. La confirmation des budgets, il y a quelques jours, a permis de partager aux membres du conseil d’établissement des données tenant compte du nouvel indice de milieu socio-économique obtenu récemment en fonction du recensement fédéral de 2016. L’école primaire de Saint-Élie-de-Caxton se trouve maintenant considérée comme une école moins défavorisée. Ces nouvelles données évoquent une meilleure santé socio-économique du milieu, mais ont pour conséquence de modifier le classement de l’école à un rang de 6 sur 10 comparativement à 8 par le passé. «Les ratios enseignants/élèves sont déterminés à l’échelle provinciale par le ministère selon le classement IMSE. Cela a une incidence sur le nombre d’enseignants dans une école», mentionne Denis Lemaire, directeur général de la Commission scolaire de l’Énergie.

Pour Saint-Élie-de-Caxton, deux facteurs expliquent l’abolition de deux postes d’enseignants, soit les ratios provinciaux à respecter ainsi qu’une baisse de la clientèle dans l’établissement. Actuellement, la direction de l’école dénombre 13 élèves en moins pour la prochaine année scolaire, soit l’équivalent d’un groupe. «Nous comprenons l’inquiétude des gens, mais réaffirmons que la qualité des services offerts aux élèves demeure au cœur de nos préoccupations. Les élèves auront quand même un bon accompagnement et les services professionnels et de soutien aux élèves sont maintenus», assure M. Lemaire profitant de l’occasion pour confirmer la poursuite du projet Grandi’Ose malgré le départ de deux enseignantes impliquées dans ce projet. «Il n’a jamais été question de le mettre en péril», précise-t-il.

Mobilisation

Anne-Claude Hébert-Moreau, mère d’un élève de cinquième année et porte-parole des parents. Photo Pier-Olivier Gagnon

Malgré les explications, l’inquiétude demeure entière chez les citoyens de Saint-Élie-de-Caxton pour qui cette décision apparaît inacceptable. Des parents ont profité de leur droit de parole pour rappeler aux gens réunis qu’il y a 10 ans, l’école Villa-de-la-Jeunesse était menacée de fermeture. «On ne veut pas revivre cette situation. C’est grâce à la mobilisation de parents et de citoyens, mais aussi avec l’implication d’enseignantes dévouées, qui ont tenu l’école à bout de bras, que la tendance a été inversée. La mise sur pied de programmes d’enseignement alternatifs, qui n’ont rien à envier aux écoles des grandes villes, a non seulement sauvé l’école, elle en fait un facteur important d’attraction pour les nouvelles familles», a exprimé Anne-Claude Hébert-Moreau, mère d’un élève de cinquième année et porte-parole des parents.

«Cet indice ne reflète pas toutes les subtilités des difficultés qui demeurent bien présentes dans le milieu. Présentement, la situation présentée n’est pas bénéfique pour les élèves. Étant donné que notre milieu se porte mieux, on vient réduire les effectifs, c’est un non-sens. Il y aura un impact sur la qualité de l’enseignement. Le message qu’on a voulu lancer ce soir (mercredi), c’est qu’on n’allait pas laisser partir deux de nos enseignantes. On ne veut pas revenir en arrière et réduire les services. On a réussi à interpeller M. Allaire. Le député s’est commis en disant qu’il allait porter notre message avec cœur et qu’il allait le défendre. Maintenant on attend des réponses», ajoute-t-elle.

Étant donné que la Commission scolaire de l’Énergie s’appuie sur des critères du ministère de l’Éducation et qu’elle ne peut renverser cette décision à moins que le nombre d’inscriptions soit revu à la hausse d’ici la prochaine rentrée scolaire, la balle est maintenant dans le camp du député de Maskinongé qui prévoit travailler avec les intervenants du milieu. «Est-ce qu’on peut faire quelque chose? C’est ce qu’on va regarder avec le ministère. Je suis déjà en action. Je ne ferai pas de promesse, d’ailleurs ce n’est pas mon style, mais je m’engage à bien défendre votre position. Je comprends votre réalité. Ce qui m’importe, c’est que vous n’ayez pas de diminution de services. Je vais vous revenir avec des réponses», a répondu M. Allaire.

«La Coalition Avenir Québec a fait de la réussite scolaire et de l’éducation une priorité, c’est l’occasion pour le gouvernement de le démontrer», termine Mme Hébert-Moreau.

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