Matériaux Spécialisés Louiseville lutte pour sa survie

Les employés de Matériaux Spécialisés Louiseville (MSL) sont en grève depuis le 17 mars dernier, encore, puisque c’est la troisième que subit l’usine en moins de 9 ans. De nouvelles dates de négociations sont en attentes puisque les deux dernières rencontres ont été annulées par le syndicat des travailleurs.

Compte tenu du contexte économique et parce que Matériaux Spécialisés Louiseville a des inventaires élevés, une fermeture temporaire avait été annoncée à compter du 21 mars dernier.

Au lieu de prendre l’option de chômage, les employés ont décidé de faire la grève. La direction comprend mal cette décision puisqu’elle aurait procédé par ancienneté pour continuer de desservir les clients et d’opérer selon les besoins les produits de spécialités. «L’équipe des cadres fait tout en son pouvoir pour continuer à offrir le service minimum et essentiel aux principaux clients. Certaines productions de produits de spécialités ainsi que les expéditions sont donc assurées par les cadres qui sont très motivés à garder leurs emplois, les clients et assurer l’avenir de l’usine. Nous devons travailler à la sauvegarde des usines restantes du secteur des Pâtes et Papier et du secteur manufacturier et non faire des grèves et des menaces pour faire fermer les usines», déclare Rina McGuire, présidente.

Il est vrai que la direction de Matériaux Spécialisés Louiseville a procédé à certaines restructurations. Également, à cause du haut niveau d’inventaire et de la conjoncture économique, l’entreprise avait commencé à opérer sur des quarts de travail de 8 heures, 24 h par jour et 5 jours par semaine plutôt que des quarts de travail de 12 heures et 8 heures, 24 h par jour et 7 jours par semaine. Ceci assurait 40 heures de travail à tous et leur permettait d’avoir congé les week-ends. Cependant, produire sur des quarts de travail de 12 heures, 7 jours par semaine, était très coûteux pour l’usine puisque les samedis et dimanches sont payés à temps et demi pour produire des produits de commodités au lieu de produits de spécialités. «Ce que nous voulons c’est surtout de promouvoir l’excellence, de donner des incitatifs d’avancements et de formations aux employés qui prennent des responsabilités plus grandes ou encore qui veulent avancer au sein de l’entreprise. L’usine a subi trois grèves en moins de neuf ans, et ce, malgré les bonnes conditions que nous avons. Le salaire minimum à l’usine est de 20,93 $/h plus les bénéfices marginaux de plus de 45%», ajoute Mme McGuire.

Malgré les propos du porte-parole du Syndicat, Claude Gagnon, que l’employeur n’est pas très respectueux des façons de faire normales, la direction souhaite régler le malaise aussi vite que possible et une fois pour toutes.

Depuis 2002, le Québec a déjà perdu 140 000 emplois en usine et d’ici les trois ou quatre prochaines années, encore 100 000 emplois seront sacrifiés. L’usine Matériaux Spécialisés Louiseville subirait-elle le même sort que les autres usines des Pâtes et Papier qui ont fermé ou qui sont appelées à fermer bientôt?