L’industrie funéraire en pleine évolution

DOSSIER. Saviez-vous que le nombre de décès, qui avoisine les 60 000 bon an mal an, augmentera de façon importante au cours des prochaines décennies? Au point où, dans toutes les régions du Québec, le nombre de décès dépassera le nombre de naissances.

De manière générale, c’est en 2034 que le point de bascule sera atteint au Québec. Mais en Mauricie, par contre, c’est déjà chose faite, tout comme en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent. Comment l’industrie funéraire réussit-elle à s’adapter à la situation? On vous dresse le portrait de la situation.

«Nous sommes prêts à faire face à cette augmentation, souligne d’entrée de jeu François St-Louis, thanatologue et copropriétaire de la Résidence St-Louis. Nous avons des formations pour nous y préparer.»

Même son de cloche du côté de Luc Gagnon, propriétaire de la Résidence funéraire I Gagnon et fils: «Nous sommes bien équipés. Si ça va jusqu’à une augmentation de 10 décès par municipalité par année, ça ne change pas grand-chose pour nous.»

«On est capable de répondre aux besoins tels qu’ils sont actuellement, renchérit pour sa part Gilles Richard, thanatologue et associé de la Résidence Louis Richard et Fils. C’est certain qu’on doit s’adapter aux nouvelles tendances, de même qu’à la centralisation des services.»

Plein de défis

La gestion de l’accroissement du nombre de décès ne constitue qu’un seul des défis auxquels est confrontée l’industrie funéraire. Selon Alain Leclerc, directeur général de la Fédération des coopératives funéraires du Québec, qui regroupe 23 coopératives funéraires dans la province, les autres défis sont intimement liés à la mutation que connait leur industrie, tant chez les acteurs du milieu que dans les rites funéraires.

«Un des gros phénomènes qu’on observera dans les prochaines années, c’est la consolidation des entreprises», dit-il, mentionnant au passage qu’actuellement au Québec, on compte près de 300 entreprises funéraires, et que bon nombre d’entre elles sont de petites compagnies familiales. «Je compare la situation au problème de relève dans les fermes familiales. Les enfants ne sont pas nécessairement intéressés à prendre la relève et à travailler sept jours sur sept, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Ou s’ils le sont, ils ne peuvent pas toujours accéder au financement nécessaire à l’acquisition de l’entreprise.»

Un point de vue que partage Gilles Richard: «La plupart des entreprises funéraires étaient de type familial. Maintenant, ce ne sont pas toutes les familles qui sont capables de trouver de la relève, car les familles sont plus petites qu’avant. Une entreprise funéraire demande beaucoup pour un seul propriétaire. C’est pourquoi plusieurs se greffent à d’autres», indique-t-il.

Ce genre d’acquisition a d’ailleurs déjà modifié considérablement le portrait de l’industrie funéraire en Mauricie ces dernières années. Tout récemment, par exemple, les activités des Résidences Funéraires J. Philibert & Fils inc. ont fusionné avec celles des Résidences Funéraires Louis Richard & Fils de Louiseville. Plusieurs petits salons ont également été acquis par des joueurs plus gros.

François St-Louis voit le tout positivement: «C’est relativement facile de vendre ou de transférer, car c’est une industrie prospère», croit-il.

De son côté, Luc Gagnon estime que le «C’est possible que d’ici les prochaines années il y ait un problème de relève, car ce n’est pas comme il y a une vingtaine d’années.»

S’adapter aux générations

Par ailleurs, l’autre défi qui attend les salons se situe au niveau de… la clientèle. Selon Alain Leclerc, l’arrivée des baby-boomers dans le marché funéraire accentuera les changements déjà observés dans les rites mortuaires.

«La génération des baby-boomers est celle qui a rejeté la pratique de la religion catholique. Ils ont tout décidé de leur vivant. Ils veulent décider comment ça va se passer lorsqu’ils seront décédés.»

Conséquence? Aujourd’hui, les demandes sont multiples et les cérémonies religieuses sont nettement moins nombreuses.

«On est à l’ère de réinventer le modèle de la maison funéraire», remarque de son côté la directrice générale de la Corporation des thanatologues du Québec, Nathalie Samson.

Selon elle, tant les endeuillés que les directeurs funéraires sont en mode «essais-erreurs» pour redéfinir la façon de vivre un deuil et saluer une dernière fois la personne chère qui est décédée.

Mais s’il y a une tendance qui ne change pas, selon Luc Gagnon, c’est celle de faire appel aux services de la résidence funéraire la plus près de chez soi… «comme dans le temps!».

Le saviez-vous?

Trois entreprises funéraires desservent la MRC:

-Résidence funéraire I. Gagnon et fils (Sainte-Ursule)

-Résidence funéraire Louis Richard et fils

-Résidence funéraire St-Louis et fils

 

Avec la collaboration de Valérie Lessard, Pier-Olivier Gagnon et Marie-Eve Veillette

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