L’impact sur les entreprises du Québec

Julien Brault, journaliste de Les Affaires

TECHNOLOGIE. Pour les consommateurs, une vidéo saccadée ou une conversation inaudible sur Skype peut causer une frustration aiguë. Pour les entreprises, toutefois, le coût d’une connexion lente est synonyme de perte en productivité. Or, au Québec, l’accessibilité à Internet varie radicalement d’une région, voire d’une rue à l’autre. Et plusieurs PME en font les frais…

À quel point, au juste? Difficile à dire, car si la plupart des spécialistes s’entendent pour dire que la vitesse d’Internet a un impact sur la productivité des entreprises, cet impact demeure difficile à quantifier. L’une des rares études l’ayant démontré statistiquement a été dévoilée dans l’article scientifique The need for speed: Impacts of internet connectivity on firm productivity: elle évoque un écart de productivité allant de 7 à 10% entre les entreprises ayant adopté l’Internet haute vitesse, et les autres.

«Les entreprises branchées à Internet haute vitesse peuvent, par exemple, améliorer leur chaîne d’approvisionnement en achetant sur Internet, améliorer leur système de gestion des stocks et, plus généralement, être mieux connectées à leurs clients et partenaires», illustre Arthur Grimes, le chercheur néo-zélandais qui a co-signé l’étude en question, publiée en 2011 dans le Journal of Productivity Analysis.

À première vue, on pourrait être porté à croire que le problème ne se pose pas réellement au Québec compte tenu que, selon l’Institut de la statistique du Québec, 95,3% des entreprises de cinq employés ou plus qui sont branchées disposeraient aujourd’hui d’une connexion haute vitesse (plus de 5 Mbit/s). Or, cette donnée impressionnante masque une réalité moins positive : même si des connexions de 5, 10 ou même 15 Mbit/s sont considérées comme étant à hautes vitesses, elles s’avèrent souvent beaucoup trop lentes, en 2015, pour répondre aux besoins d’une PME aux processus d’affaires modernes.

«Si on veut visionner de la vidéo, faire de la télématique ou télécharger des documents, 5 Mbit/s, ça va permettre de faire un des trois, mais pas les trois en même temps, illustre Gaston Dufour, directeur général associé de la Fédération des coopératives de câblodistribution du Québec (FCCQ). Une vitesse de 100 Mbit/s, c’est le minimum acceptable pour une entreprise aujourd’hui.»

Or, non seulement une telle vitesse de connexion est loin d’être disponible partout au Québec, mais le taux d’adoption fluctue grandement d’une région à l’autre, suivant la qualité de l’offre. Alors que Lanaudière (21%) mène la danse, les régions du Nord-du-Québec (9%), de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (12,2%), de Chaudière-Appalaches (12,4%) et du Saguenay–Lac-Saint-Jean (13,2%) ferment la marche. Globalement, à peine 16,1% des entreprises québécoises branchées disposeraient ainsi d’une connexion à très haute vitesse…

(Avec la collaboration de Louis St-Hilaire)