L’Everest de Marie-Sol St-Onge

«Quand l’Everest nous tombe sur la tête».

Ce titre s’est imposé de lui-même à Marie-Sol St-Onge et son conjoint Alin Robert lorsqu’ils ont entrepris l’écriture de leur livre portant sur les épreuves qu’ils ont traversées.

Marie-Sol St-Onge n’a plus besoin de présentation: c’est cette artiste-peintre qui, atteinte de la bactérie, a dû subir une quadruple amputation.

«J’étais encore hospitalisée. Grâce à la page Facebook, nous avons reçu de nombreux encouragements. Certains nous disaient qu’on les encourageait. Ce livre nous a aidé à tourner la page, à prendre du recul sur ce qui est arrivé», souligne Marie-Sol.

«Ça n’a pas été évident à écrire. J’étais encore à l’institut de réadaptation, C’est Alin qui écrivait et je lisais les pages à distance via iCloud», ajoute-t-elle.

La descente aux enfers au jour le jour

Le lecteur plonge dans le quotidien de Marie-Sol et sa famille, jour par jour, dès ce moment où le jeune Ludovic dit à son père que «maman veut aller à l’hôpital. Ses lèvres sont toutes bleues». On se retrouve tour à tour dans la tête d’Alin et de Marie-Sol qui s’échangent la narration des événements, tous écrits au «je».

Ils racontent la «descente aux enfers», les moments d’angoisse au moment de l’amputation, des heures d’incertitude à l’hôpital, des petits gestes du personnel de l’hôpital, la routine à l’hôpital, mais aussi, de «réapprendre à vivre», tous ces petits gestes du quotidien qu’un être humain ne devrait pas avoir à réapprendre, comme marcher.

«On a failli abandonner l’écriture du livre lorsqu’on était rendu au bout du coma. C’était de revivre cette proximité avec la mort. Persévérer a valu la peine. Je pense que c’était intéressant d’aborder cette épreuve avec les deux angles, le mien et celui d’Alin», affirme-t-elle. «La bactérie nous a fait perdre deux ans de notre vie.»

«Comme conjoint, comme famille, on fait partie de l’onde de choc lorsque de telles situations se produisent. Au final, l’écriture a été exutoire. Dans l’écriture, on nous voit tous les deux ainsi que la vitesse du temps qui passe. Pour nous, le temps arrêtait, mais tout continuait autour de nous», confie Alin Robert.

«Je me suis sentie soulagée quand on a eu fini de l’écrire. C’est tout un processus qui mène à l’édition. La maison d’édition n’a cependant presque rien changé au texte. C’est satisfaisant. La table des matière est aussi présentée comme on l’avait pensée», note Marie-Sol.

Même l’image de ce mont Everest qui tombe du ciel que l’on retrouve sur la page couverture du livre est l’œuvre de Marie-Sol.

«J’avais la toile dans ma tête, mais je voulais en repeindre quelques autres avant de la faire», indique l’artiste-peintre.

Du bonheur, enfin!

Aujourd’hui, Marie-Sol est heureuse. Elle continue à perfectionner la maîtrise de ses prothèses. Elle a recommencé à peindre. Elle apprend à accepter de l’aide. Elle donne également des conférences sur les épreuves des dernières années.

«Être ici aujourd’hui, donner des conférences, aller sur le plateau de Tout le monde en parle… Je ne pensais pas pouvoir aider des gens avec mon histoire. Chaque fois que je donne une conférence, c’est compliqué. On se demande s’il y a une rampe pour une chaise roulante au besoin, il faut évaluer les obstacles et il y a le trac. Mais je me souviens d’une fille qui est venue me voir pour me dire que d’entendre mon histoire l’avait beaucoup aidée. Si ça peut changer des choses, go! Ce livre est un message de persévérance» lance Marie-Sol St-Onge.

«Et quand on se compare, on se console. Par exemple, quand on voit des personnes souffrir d’une maladie dégénérative», souligne Alin.

«Je me dis que je suis mobile, je suis en santé, je peux marcher avec mes prothèses. Je me dis que je suis en vie. Je m’y suis raccrochée quand c’était important. Je suis en vie. Ça vaut de l’or», ajoute Marie-Sol.

Et l’avenir?

Marie-Sol souhaite reprendre davantage la peinture, poursuivre ses conférences. Elle confie qu’elle aimerait bien monter une exposition avec ses œuvres, dans «une vraie salle d’exposition».