Les surplus alimentaires, ça se récupère!
ALIMENTATION. Fruits et légumes endommagés, aliments moins esthétiques ou surplus non utilisés: les pertes sont considérables dans les champs et les potagers de la région chaque année. Depuis septembre, Maski en forme travaille à contrer cette problématique en préparant un ambitieux projet. Les camps de jour, les centres de la petite enfance, les écoles, les producteurs maraîchers et les citoyens de la région seront tous concernés. Sous forme de projet-pilote pour la première année, Maski récolte est une toute nouvelle initiative de récupération alimentaire qui favorise la cueillette et la transformation des surplus des entreprises maraîchères, des potagers privés ou encore des arbres fruitiers. «L’idée, c’est vraiment d’utiliser les surplus, ce qui est en train de périr dans les champs ou dans les jardins privés. On veut cueillir, transformer et redistribuer les denrées dans notre communauté de façon à trouver une utilité aux fruits et légumes non récoltés», explique Suzie Paquin, coordonnatrice de Maski en forme. L’organisme mise sur Audrey Larochelle, étudiante à la maîtrise en gestion de l’environnement à l’Université de Sherbrooke, pour élaborer une bonne partie du projet en collaboration avec plusieurs partenaires locaux. Cette dernière a d’ailleurs déjà débuté ses rencontres avec de nombreux producteurs locaux qui démontrent de l’intérêt à joindre le projet. «Souvent, ça ne vaut pas la peine pour les producteurs de payer de la main-d’œuvre pour faire la cueillette de ces aliments-là parce qu’ils sont trop dispersés dans les champs, parce qu’il y a un triage à faire ou parce que les aliments sont abimés. Ce n’est donc pas rentable pour eux de les cueillir, mais souvent plusieurs sont encore bons pour la consommation. Tous les producteurs ont des surplus, ils veulent faire quelque chose avec, mais c’est vraiment de trouver la formule idéale», remarque Mme Larochelle, intervenante pour le projet Maski récolte. Au total, douze producteurs maraîchers ont été ciblés pour participer au projet et cinq ont déjà manifesté de l’intérêt.
«La saine alimentation, ce n’est pas compliqué et c’est tellement accessible dans une MRC comme la nôtre» – Suzie Paquin
Un projet éducatif et pédagogique Le projet Maski récolte se veut une initiative complémentaire à ce qui se fait déjà en matière d’alimentation sur le territoire. Il s’agit également d’un projet éducatif et pédagogique qui permettra d’impliquer la jeunesse. Dans les prochaines semaines, les responsables de cette initiative prévoient s’adresser aux directions des écoles, des CPE et des camps de jour afin d’expliquer ce projet qui pourrait facilement être intégré dans la planification des activités, dans le cursus scolaire ou encore au niveau parascolaire. «On cible volontairement ces clientèles-là parce qu’on veut démontrer que la saine alimentation est simple et facile à intégrer dans notre mode de vie», partage Mme Paquin. Selon Maski en forme, les organismes, les écoles ou les camps de jour pourraient proposer parmi leurs activités une activité d’autocueillette de fruits et légumes où pourrait s’enchaîner une multitude d’initiatives de transformation, de partage ou de consommation. Une fois le projet lancé, Maski en forme, qui œuvre depuis plus de 14 ans à mobiliser et sensibiliser le milieu autour des saines habitudes de vie et de la saine alimentation, jouera un rôle d’intermédiaire entre le producteur et le cueilleur ou transformateur. Des groupes de bénévoles pourraient également être mis à contribution au niveau de la cueillette, prévoit-on. «Ce projet-là, c’est un acte de générosité de la part des producteurs et des citoyens qui contribueront au projet. Il peut se décliner sous plusieurs formules gagnantes. On souhaite que les écoles déterminent la façon dont elles souhaitent participer au projet. Par exemple, ça peut prendre la forme d’un atelier de cuisine. Du côté des camps de jour, les vélos-smoothie peuvent être utilisés», suggère la coordonnatrice de Maski en forme. Changement des pratiques Maski en forme croit pertinemment que ce projet aura de belles retombées sur le territoire. Le défi est toutefois de sensibiliser la population et les producteurs locaux à y adhérer et à partager leur surplus de fruits ou de légumes. «Le succès passe par la mobilisation du milieu. Ça demande aussi une implication citoyenne. Le défi est de faire connaître le projet. Il y a là une richesse sur notre territoire avec tous les champs et les jardins que nous avons. On note aussi une effervescence des gens qui retournent aux produits de la terre. On veut profiter de ça pour créer ce mouvement de partage et de récupération», exprime Suzie Paquin en souhaitant que ce projet devienne autoportant. Une aide financière de 10 000$ du programme 100 degrés de Québec en forme a déjà été confirmée pour l’élaboration du projet «Maski récolte». Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon