L’envers du décor

Alors que la figure de proue de St-Élie-de-Caxton, Fred Pellerin, offre une vitrine incommensurable à sa terre originelle, un maire et six conseillers unissent leurs efforts pour ériger un village à la hauteur des attentes. L’Écho vous propose de découvrir un peu plus l’homme politique à la tête de cet endroit maintenant connu de la surface du monde, André Garant.

Fred Pellerin était encore une verte recrue sur les scènes du Québec lorsqu‘André Garant a reçu un appel de son père, Maxime Pellerin. L’ancien conseil municipal du village qui flirtait avec la dévitalisation refusait de fournir des cartes de St-Élie à Fred pour ses spectacles, ils n’y voyaient pas l’intérêt.

Proche d’André depuis son enfance, Maxime connaissait l’actuel maire plus que quiconque.

Quand il l’a contacté pour le convaincre de revenir à la mairie, M. Garant a décliné d’entrée de jeu.

«Ma femme ne voudrait pas», a-t-il aussitôt répondu.

«Justement, ta femme est d’accord, je lui en ai parlé avant de t’appeler, elle trouve que tu t’ennuies et que tu tournes en rond», a rétorqué M. Pellerin.

André Garant était piégé, mais heureux de l’arnaque, la vie politique lui manquait. Il a été élu maire en 2005 et a renouvelé son mandat en 2009. Tous les conseillers et lui-même ont d’ailleurs été élus par acclamation, cette fois-là. Si dans le passé il a dû affronter des conseils divisés, aujourd’hui les six conseillers et le maire travaillent dans la même direction, l’objectif est simple: faire de St-Élie une destination touristique prisée.

Des idées plein la tête

Parfois M. Garant voit trop grand, mais ses conseillers le ramènent à la réalité.

Un matin en séance de travail, le leader politique a proposé le plan suivant:

«On a acheté le terrain de l’ancienne usine Perreault, on a un grand terrain, en face il y a une carrière de sable qui nous appartient aussi. On pourrait partir du garage Déziel, creuser, faire descendre les gens dans un tunnel où une rivière souterraine serait aménagée. Les gens partiraient en gondoles. On pourrait trouver des spécialistes qui nous organiseraient quelque chose de vraiment original. Il y aurait des chanteurs dans les gondoles pour les amoureux, les visiteurs arriveraient dans un coin et un lutin apparaîtrait, comme à Walt Disney…»

Les conseillers ont trouvé l’idée un peu grosse.

«André, on ne peut pas faire ça», a signifié poliment l’un d’eux.

«Si j’avais eu 20 ans de moins, je l’aurais fait», a avoué le premier magistrat un peu plus tard à L’Écho.

Par contre, la municipalité a mis de l’avant des idées moins farfelues qui ont attiré plusieurs citoyens dans le village. En ce sens, lorsqu’un nouvel arrivant s’installe à St-Élie, il reçoit un panier-cadeau avec des produits locaux et en plus, 200$ en argent s’il s’inscrit à la caisse populaire Desjardins de St-Élie. De quoi se consoler au moment de payer la taxe de bienvenue.

Les projets à saveur touristique sont nombreux dans le monde où naquit Fred Pellerin.

Dès le début de l’été prochain, les visiteurs envahiront le décor. Ils feront des tours de carrioles, fouineront dans le Garage de la culture, profiteront d’un spectacle au Rond Coin, dormiront au Lutin Marmiton et culmineront vers le Calvaire au grand plaisir des habitants de la place.

Il n’y aura pas de gondole et de rivière souterraine à St-Élie l’an prochain, mais en attendant, un Sentier botanique verra le jour et il est difficile de prévoir comment le destin de ce village mythique où se marient l’imaginaire et le réel sera forgé.

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