L’église comme deuxième chez soi

SAINT-SÉVÈRE. Nos communautés se portent mieux, entre autres, grâce à l’engagement et à l’implication de personnes dévouées qui ont à cœur leur milieu de vie.

Les bénévoles sont précieux, mais se font de plus en plus rares. C’est le cas dans plusieurs municipalités de la MRC de Maskinongé et plus particulièrement à Saint-Sévère.

Malgré sa petite taille, la municipalité peut quand même compter sur l’appui de quelques citoyens qui mettent la main à la pâte pour conserver leurs acquis, dont Adrien Bellemare qui est probablement l’une des personnes les plus généreuses de son temps dans sa communauté.

Il suffit de passer un court moment en sa compagnie pour comprendre à quel point son sentiment d’appartenance est fort envers Saint-Sévère, là où il a choisi de s’établir en 1977. Son arrière-grand-père, David Bellemare, fut d’ailleurs maire de cette localité.

Plus de 30 ans d’implication

Adrien Bellemare n’a peut-être qu’une seule tête, mais rien ne l’empêche de porter plusieurs chapeaux.

Après avoir travaillé de 1965 à 1975 à l’Associated Textile of Canada à Louiseville et d’avoir occupé la fonction de journalier au ministère des Transports du Québec de 1976 à 2015, l’homme de Saint-Sévère a rapidement vu l’opportunité de s’impliquer chez lui. «Quand je travaillais pour le ministère, je passais souvent mes journées de congé à l’église ou au cimetière. Je venais aider et faire des travaux. J’ai toujours eu à cœur Saint-Sévère. J’avais le goût de participer et d’aider», lance M. Bellemare.

Adrien Bellemare, citoyen et bénévole engagé de Saint-Sévère.

Il œuvre depuis 32 ans comme bénévole au sein de la fabrique de Saint-Sévère. Les gens l’ont notamment connu comme président de la fabrique (1999 à 2017), fossoyeur, marguillier, sacristain et responsable du cimetière ainsi que de l’entretien et du déneigement de l’église.

Il s’est également vu confier la responsabilité d’apposer sa signature sur le registre des sépultures du cimetière lorsque nécessaire et il est devenu président de l’âge d’or local. «Je suis attaché à Saint-Sévère surtout parce que mes ancêtres demeuraient ici. Quand j’ai commencé à m’impliquer, il n’y avait pas beaucoup de gens qui aidaient. Les marguilliers étaient la plupart du temps des cultivateurs, mais comme ils avaient beaucoup d’ouvrage, ils n’étaient pas toujours disponibles pour donner du temps. J’ai appris à tout faire et à me débrouiller. Je fais ce que je suis capable de faire et je peux compter sur l’aide de mon épouse pour certaines tâches», raconte l’homme de 71 ans.

«Si personne ne s’implique, on n’aura plus rien et tout va fermer»

– Adrien Bellemare

Chaque samedi soir, en hiver, M. Bellemare veille au bien-être des fidèles qui participent à la célébration du lendemain en ajustant le chauffage. Puis, 30 minutes avant le début du rendez-vous dominical, il s’assure d’aviser la population en faisant retentir manuellement les cloches de l’église.

Adrien Bellemare a toutefois été forcé de ralentir la cadence en 2015 lorsqu’il a subi une opération au cœur. Le matin même, croyez-le ou non, le Sévérois avait les deux pieds dans le cimetière à préparer l’inhumation d’un défunt. «Le docteur m’a dit que j’aurais pu rester là!», confie-t-il. Aussitôt sorti de l’hôpital, il a repris là où il avait laissé sans réduire son implication.

Gérer de manière responsable

Étonnamment, la fabrique de Saint-Sévère est en bonne santé financière, et ce, malgré le faible taux de population (300 habitants) et la forte baisse de l’achalandage aux célébrations. C’est en grande partie le résultat d’une saine gestion des finances et des heures incalculables de bénévolat de M. Bellemare.

Adrien Bellemare, citoyen et bénévole engagé de Saint-Sévère.

«Ça me fait quelque chose de voir les églises en difficulté un peu partout. À Saint-Sévère, on n’a pas ce problème-là pour l’instant. Ça va bien et on arrive dans notre budget. Quand j’explique aux autres ce qui nous permet d’être en santé, la réponse est assez courte et simple, c’est le bénévolat! Nous n’avons aucun salaire à payer. L’entrée d’argent est peut-être moindre qu’ailleurs, mais on n’a pratiquement pas de dépenses. Juste au niveau de l’entretien, on sauve beaucoup. Par exemple, on ne paie pas pour faire la pelouse. C’est de l’argent de plus qu’on garde et qu’on peut investir autrement, notamment pour le chauffage l’hiver», souligne le bénévole expérimenté.

Homme d’exception

La Municipalité de Saint-Sévère reconnait le dévouement d’Adrien Bellemare et elle salue le travail qu’il accomplit quotidiennement. «M. Bellemare, c’est vraiment un pilier dans notre communauté. Il participe activement à notre vie sociale et communautaire. Autant au niveau de l’organisationnel que de l’administratif, à l’église ou pour le cimetière, il est présent pour aider. C’est notre homme de confiance! Il ne s’est jamais fait payer pour tout ce qu’il a fait à Saint-Sévère. Ç’a toujours été du bénévolat», commente Jean-Yves St-Arnaud, maire de la municipalité.

Si Adrien Bellemare s’investit autant chez lui, c’est qu’il souhaite contribuer au maintien des services qui sont actuellement offerts dans sa municipalité. «Si personne ne s’implique, on n’aura plus rien et tout va fermer. Je le fais parce que j’aime ça et je veux que l’église reste ouverte. Présentement, la flamme est encore là. C’est la santé qui va me dire jusqu’à quand je vais continuer», laisse-t-il tomber.

Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon