L’eau est enfin potable à Saint-Alexis
Tout bon québécois a un jour ou l’autre dû faire bouillir son eau suite à un avis d’ébullition. Pendant deux, voire trois jours, il faut alors prendre son mal en patience dans l’attente d’un retour à la normale. Or, dans le village de Saint-Alexis-des-Monts, il a fallu attendre trois semaines pendant lesquelles, les citoyens devaient faire bouillir l’eau «à gros bouillon» pendant cinq minutes avant de la consommer. L’avis a été officiellement levé à 14h30 vendredi après-midi, après que le laboratoire Biolab ait donné son aval à la consommation d’eau provenant de l’aqueduc municipal.
«L’eau est de retour. Nous sommes bien contents, les commerçants sont contents, tout peut rentrer dans l’ordre», clamait la mairesse de Saint-Alexis-des-Monts, Madeleine L. Robert. Aucun problème de santé relatif à la consommation d’eau n’a été rapporté à la municipalité pendant les trois semaines de diète.
Advenant la consommation d’eau impropre
Dans la majorité des cas, les symptômes seront mineurs et passagers, tels des vomissements ou la diarrhée. Certaines exceptions où l’eau des aqueducs avait été contaminée par la bactérie Escherichia coli (E. coli) avait cependant occasionné des conséquences funestes. Le 12 mai 2000, la municipalité de Walkerton en Ontario était aux prises avec une souche mortelle de la bactérie, l’E. coli O157: H7, suite à un orage violent qui avait entraîné des matières fécales de bétails dans les eaux de la municipalité. Le bilan: sept morts, des milliers de personnes contaminées et sept mois de privation d’eau potable.
Le docteur Stéphane Campeau, géographe à l’Université du Québec à Trois-Rivières se veut toutefois rassurant. Selon lui, le cas de Walkerton est le pire à être survenu au Canada et de la mésaventure a découlé un système pancanadien plus strict de surveillance des eaux. Le professeur mène d’ailleurs en ce moment une étude concernant la cartographie souterraine de l’ouest de la Mauricie incluant Saint-Alexis-des-Monts.
«Dans la vallée de la Rivière-du-loup (dont fait partie Saint-Alexis) on constate généralement une bonne qualité de l’eau», constate-t-il.
Alors pourquoi le problème a-t-il perduré aussi longtemps?
«C’est vrai que trois semaines, c’est plutôt long», avoue le chercheur.
Suite à une violente tempête de neige qui a entraîné une panne d’électricité le 21 décembre, une analyse a révélé la présence de la bactérie dans l’eau consommée par plus de 2000 résidents. Toutefois, il a été impossible pour la municipalité de palier au problème en raison de la période des Fêtes pendant laquelle les bureaux de Biolab étaient fermés.
Le bureau du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs du Québec souligne que lorsque l’avis d’ébullition est levé, des mesures doivent être prises.
«Faire couler l’eau de tous les robinets d’eau froide quelques minutes. Suivre la même procédure pour les fontaines et abreuvoirs, s’il y a lieu; vider, laver et désinfecter les machines à glace; purger les robinets extérieurs; dans le cas d’un appareil de traitement de l’eau, vérifier les mesures à prendre auprès du fabricant», mentionne-t-on sur le site Internet du ministère.
Gare aux puits
Selon le Dr Campeau, les puits privés sont généralement plus problématiques que les aqueducs des municipalités. «En se basant sur un échantillonnage de 140 puits en Mauricie, on constate que l’eau des puis privés est contaminée dans 40 % des cas», souligne-t-il. Le géographe invite les propriétaires de puits à faire évaluer leur eau deux fois par année, primordialement au printemps, après la fonte des neiges.