Le quart des enfants de 2 ans n’ont pas tous leurs vaccins

DOSSIER. Un enfant de deux ans sur quatre sur le territoire Mauricie/Centre-du-Québec n’a pas reçu tous les vaccins recommandés pour son âge. C’est ce que démontrent des données tirées du Registre provincial de vaccination.

Ce document précise également que 74,4 % des enfants de deux ans en Mauricie/Centre-du-Québec ont reçu tous leurs vaccins, contrairement à 69,1 % pour l’ensemble de la province.

Il faut toutefois préciser que ces données provenant du Registre provincial de vaccination ne tiennent pas compte de l’ensemble de la population. Seuls les enfants ayant reçu au moins un vaccin y sont recensés. C’est donc dire que le taux réel de vaccination complète est inférieur à 74,4 % dans la région.

«Par contre, si on regarde chaque vaccin séparément, le pourcentage est beaucoup plus élevé», précise Dre Caroline Marcoux-Huard, médecin-conseil au département de la santé publique du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ).

Cela s’explique par le phénomène de vaccination à la carte présent depuis quelques années. «Il y a des parents qui choisissent de donner certains vaccins seulement. Il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte de cette décision, notamment la perception des parents par rapport à la menace d’une maladie et de sa gravité», indique Dre Marcoux-Huard.

«Grâce à la vaccination, certaines maladies sont devenues rares, donc les gens peuvent avoir l’impression d’être moins à risque, renchérit cette dernière. Il y a aussi des gens qui craignent plus d’avoir des effets secondaires associés au vaccin que les effets de la maladie elle-même. Ce sont quelques-unes des raisons qui expliquent le phénomène de vaccination à la carte.»

Dans la région, la proportion des enfants recevant leur première dose de vaccination de base a connu une hausse au cours des dernières années. Depuis 2015, plus de 90 % des enfants âgés de deux mois ont reçu, dans les délais prescrits, leur première dose du vaccin DCaT-HB-VPI-Hib (diphtérie, coqueluche, tétanos, hépatite B, poliomyélite, Haemophilus influenzae de type b).

Aussi, la proportion des enfants recevant leur première dose de Men-C-C (méningite) dans les délais prescrits (à l’âge d’un an) est passée de 75 % à 83,5 % depuis 2015. On note aussi que la proportion des enfants recevant leur première dose de RRO-Var (rougeole, rubéole, oreillons et varicelle) dans les délais prescrits (à l’âge d’un an) est passée de 65,3 % à 78,1 % depuis 2015.

Promotion de la vaccination auprès des femmes enceintes

Avec le discours anti-vaccin de plus en plus présent, notamment sur les réseaux sociaux, les campagnes de sensibilisation sur l’importance de la vaccination se multiplient. Au CIUSSS MCQ, une nouvelle approche sera implantée en 2020. Le Programme EMMIE fera son arrivée. Il s’agit d’une initiative provinciale qui a pour objectif de sensibiliser les femmes enceintes à l’importance de faire vacciner leur enfant.

«Ce sera déployé dans toutes les maternités de la région l’an prochain, soutient Dre Marcoux-Huard. On a aussi déjà mis en place différentes initiatives pour mieux informer les parents et améliorer l’accessibilité au service.»

Parmi ces initiatives, les plages horaires de vaccination dans les écoles sont plus grandes afin de permettre de vacciner plus d’élèves. Le calendrier de vaccination a été revu et un meilleur suivi est assuré auprès des parents. Un service d’écoute et d’accompagnement a aussi été mis en place pour écouter et accompagner les parents qui se questionnent au sujet des vaccins.

Nombre de cas de coqueluche en Mauricie/Centre-du-Québec au cours des dernières années

2015: 420

2016: 244

2018: 44

2019 (de janvier au 15 avril): 12

Nombre de cas de rougeole en Mauricie/Centre-du-Québec au cours des dernières années

2011: 499

2018: 0

2019 (de janvier au 15 avril): 0

La vaccination, un choix controversé

Si certains parents sont encore indécis quant à la vaccination de leurs enfants, d’autres sont convaincus des bienfaits de cette pratique. Et l’inverse est aussi vrai. Maman de trois enfants, Véronique Châtelain a choisi de mettre un terme à la vaccination de sa fille après que celle-ci ait reçu la première dose recommandée, à l’âge de deux mois. Une décision qui découle de recherches et de lectures sur le sujet.

«On ne se lève pas un matin en disant non aux vaccins. C’est une réflexion qui s’échelonne sur le long terme, explique-t-elle. Je ne suis pas contre tous les vaccins, mais certains me posent problème. Je me suis interrogée sur différents aspects comme l’efficacité des vaccins, la façon de les conserver et le dosage. Ce que j’ai appris a guidé mon choix.»

«Mes deux garçons plus vieux ont été vaccinés quand ils étaient bébés et tout se passe bien jusqu’à présent, ajoute-t-elle. Je ne pense pas que les vaccins sont néfastes pour tout le monde, seulement qu’ils ne sont pas adaptés pour chaque personne.»

Ce débat de société sur la vaccination soulève les passions. Et Mme Châtelain affirme que les gens ne se gênent pas pour lui faire de gros yeux ou encore lui faire la morale lorsqu’ils apprennent que sa fille n’a pas tous ses vaccins.

«Je respecte la décision des parents qui font vacciner leurs enfants et je demande qu’on fasse de même avec moi. On peut ne pas être d’accord, mais je pense, qu’au final, on fait ce qu’on pense être le mieux pour nos enfants», conclut-elle.