Le maskinongé «en danger»

Les habitués du parc connaissent bien Michel Bellemare sans savoir son nom. Équipé de son masque et de ses vieux souliers, il parcourt depuis longtemps le fond marin du Parc des Chutes et de la rivière Maskinongé. Selon lui, le poisson qui symbolise sa région natale, le maskinongé, est en danger si une minicentrale voit le jour au Parc des Chutes.

Michel Bellemare n’est pas un personnage anodin, il a œuvré comme plongeur professionnel pendant plusieurs années, avant de pratiquer la plongée comme simple passe-temps. Originaire de St-Justin il a particulièrement fait du Parc des Chutes son terrain de jeu.

«Lors de l’été 1979, j’ai accompagné deux employés du parc. C’est à ce moment-là que j’ai été informé d’un lieu de fraie du maskinongé, au bas des chutes, dans un lit de gravier. En plongée et en apnée, j’ai observé le comportement de la faune aquatique à des centaines de reprises. Je peux vous dire que le maskinongé va crier ‘‘Au secours’’, si on transforme les chutes en chutes à piton. En enlevant le débit la nuit pour produire de l’hydroélectricité et en le remettant le jour pour les touristes, les poissons vont perdre leur pouponnière.»

C’est que les jeunes maskinongés se retrouvent en grande quantité au pied des chutes dans une zone qui les place naturellement à l’abri des prédateurs. Cet espace fréquenté par le poisson contient aussi beaucoup d’oxygène grâce à l’apport de la chute. Auparavant, il était même défendu de pêcher dans cette zone afin d’aider l’espèce.

«Tout ce bien collectif est entre les mains de quelques conseillers et du maire de Ste-Ursule qui veulent ériger un barrage et détourner l’eau dans une conduite forcée de 1,50 mètre de diamètre. Les maskinongés de la province du Québec n’ont pas le droit de parole dans la rivière qui porte leur nom.»

Solution de rechange

«Pourquoi ne pas revenir au projet initial et installer une centrale de type au fil de l’eau, s’interroge le plongeur aguerri. Ce serait peut-être moins payant, mais ils pourraient l’ériger pour une fraction du coût et ce serait sans impact pour la vitalité du maskinongé. Je demande au conseil municipal d’épargner le maskinongé!» conclut-il.

Les centrales au fil de l’eau sont considérées comme étant les moins dommageables pour l’environnement. En revanche, ils permettent une production d’électricité bien moindre.

Rencontre d’information

Rappelons que le conseil municipal de Ste-Ursule tiendra une rencontre d’information jeudi prochain à 19h30 au Centre communautaire Jacques-Charette, situé à Sainte-Ursule.

«À cette occasion, M. Réjean Carle, maire de Sainte-Ursule, informera les citoyens des résultats des études hydraulique et économique déposées au cours des dernières semaines. Les citoyens pourront également découvrir les maquettes virtuelles de la centrale et de l’aménagement de la prise d’eau. M. Carle sera accompagné des membres du conseil municipal ainsi que de la firme d’ingénieurs BPR qui a réalisé les études», laissait savoir la municipalité par voie de communiqué.

«Nous espérons que les citoyens se présenteront en grand nombre à cette rencontre, a mentionné M. Carle. Depuis le tout début de ce projet, nous nous sommes toujours assuré d’informer les citoyens de la municipalité et cette rencontre est une occasion privilégiée de discuter ensemble de la faisabilité de la centrale», précise-t-il.

Fondation Rivières n’a pas dit son dernier mot

Le cofondateur et trésorier de Fondation Rivières, Alain Saladzius a bien l’intention de convaincre les Ursulois d’abandonner le projet.

En ce sens, il organise deux visites guidées du Parc des Chute à 11h et 14h samedi prochain, au cours desquelles il présentera la vision de son organisme par rapport à la future centrale érigée sur le site.

«Nous avons pris le temps d’étudier tous les documents et avons découvert plusieurs anomalies, explique M. Saladzius. D’ailleurs, je demande à la municipalité de mettre tous les documents en ligne par souci de clarté. Jusqu’à maintenant, un seule est à la disposition des internautes.»

Finalement, M. Saladzius a réitéré son invitation aux Ursulois à signer le registre lors de la journée du premier septembre, ce qui déclencherait la tenue d’un référendum sur la question.

«Dans le feuillet fourni par la municipalité, on invite les gens qui s’opposent au projet à signer le registre, ce qui est trompeur. La signature du registre n’est pas une opposition, mais une demande de référendum. Ça indique qu’on veut pousser plus loin la réflexion, pas nécessairement s’opposer au projet.»

Un total de 141 signatures devront être récoltées minimalement, lors de cette journée, pour forcer la tenue d’un référendum.

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