Le maire Deshaies intimidé et menacé de mort

LOUISEVILLE. Lorsqu’il est devenu maire, en 2013, Yvon Deshaies savait qu’il ne pourrait plaire à l’ensemble de la population, mais il était loin de se douter qu’il pourrait un jour craindre pour sa sécurité et celle de sa famille.

Depuis qu’il est élu, M. Deshaies a souvent fait l’objet de propos haineux et de menaces de toutes sortes par rapport à ses positions, notamment sur la peine de mort, la muselière pour les chiens et la légalisation du cannabis.

En juillet 2019, un citoyen et entrepreneur de Louiseville, Michel Lacoursière, a toutefois dépassé la limite de ce que l’on pourrait qualifier d’acceptable. Mécontent de certaines mesures municipales prises à son endroit, l’individu s’en serait pris verbalement au maire et à sa conjointe à leur domicile. «Ma conjointe était dans la piscine. Je n’étais pas trop loin. Il est monté sur le toit du cabanon de la propriété voisine qui lui appartient et qu’il loue. C’est là que les injures et les menaces ont commencé. Ç’a duré entre 10 et 12 minutes, sans arrêt! Les mots étaient très durs. Ma blonde a figé et elle a été très affectée. Quand elle est entrée dans la maison, elle s’est mise à pleurer», relate Yvon Deshaies.

Le lendemain, lui et sa conjointe ont porté plainte à la police. «Ça faisait deux ou trois ans que j’endurais ses bêtises. C’est un type particulier. Ça devenait fatigant. Des fois quand on est maire, on se dit de respirer, mais là, j’en avais assez! Des menaces de mort, c’est grave!», révèle-t-il.

Ce dossier se transporte devant le tribunal à la mi-décembre. «Dans la vie, il y a une limite et M. Lacoursière l’a dépassé. Il a été trop loin. Ma conjointe ne se mêle pas de mes affaires ni de politique. Il s’est attaqué à elle et à moi, chez nous, c’est inacceptable», affirme M. Deshaies.

Cette situation s’est produite deux mois après le prononcé de la sentence de Pierre Courtois, cet homme responsable de la mort de Sylvie Deshaies, la sœur du maire de Louiseville.

Louiseville prône le respect

À la fin de l’année 2019, la Ville de Louiseville avait lancé une vaste campagne de sensibilisation afin de rappeler à leurs citoyens de faire preuve de civisme et de respect à l’égard des élus et des employés municipaux.

Après 32 ans en politique, Yvon Deshaies rapporte que les élus sont trop souvent victimes d’intimidation. «Avec les maires qui démissionnent un peu partout, il va falloir que le gouvernement fasse quelque chose. Si ce n’est pas en personne, les gens se cachent derrière un clavier pour nous détruire. Il faut que ça arrête. Pour freiner les comportements inappropriés, il faudrait peut-être leur couper l’accès aux réseaux sociaux», suggère-t-il.

Ce dernier ne compte pas céder aux menaces et assure qu’il entend toujours poursuivre son parcours en politique municipale.

Yvon Deshaies reconnait être un maire coloré qui n’a pas peur d’aborder des sujets controversés. «J’ai imposé la muselière pour les chiens dans les rassemblements publics, j’étais pour la légalisation du cannabis, j’ai travaillé pour l’implantation d’une usine de cannabis à Louiseville, je suis toujours en faveur de la peine de mort pour les grands criminels et je ne me suis pas toujours fait des amis avec mes positions. Je me suis aussi fait ramasser plusieurs fois par des gens de l’extérieur. J’ai sorti publiquement des dossiers bouillants, mais je ne me suis jamais caché. J’ai le droit à mon opinion comme tout le monde. Je respecte les gens, je veux être respecté moi aussi. Je ne fais pas de la politique pour aller chercher des votes. J’ai toujours travaillé pour les gens et pour leur sécurité. Je vais continuer de le faire», laisse tomber M. Deshaies.

Le procès de Michel Lacoursière aura lieu les 14 et 16 décembre au palais de justice de Trois-Rivières.

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