Le deuil se personnalise

MORT. Un être aimé décède. Les funérailles se préparent. Les proches prennent le temps de choisir des chansons significatives, sélectionner des photos du défunt pour en faire un diaporama, préparer des témoignages.

«Avant, on ne pouvait pas vraiment choisir et il n’y avait pas de question à se poser: on exposait le défunt durant trois jours. Une cérémonie suivait à l’église et ensuite, on enterrait le défunt. Aujourd’hui, les gens se posent des questions parce qu’ils ont le choix. Ce n’est pas parce qu’ils sont moins longtemps au salon funéraire qu’ils préparent moins cet événement», soulève Caroline Richard, thanatologue propriétaire à la Maison funéraire Richard & Philibert de Trois-Rivières.

«Le deuil demeure le même. C’est une cascade d’émotions. Il n’y a pas de formule magique: il faut vivre ces émotions. Personne ne vit son deuil de la même façon. (…) On se rend compte que lors d’un décès, les proches vont chercher des photos, se questionner sur la musique appropriée en chapelle, ce que le défunt aurait voulu entendre, ce que les proches voudraient entendre en souvenir du défunt. Les gens sont plongés dans le deuil, mais d’une autre façon. Je ne suis pas sûre que ce soit négatif. On développe un rituel qui a changé, mais on répondre à des besoins. Les gens ont trouvé une manière de vivre leur deuil de façon plus personnalisée», ajoute-t-elle.

Trop pressés pour être en deuil?

De son côté, Nathalie Samson, directrice générale de la Corporation des thanatologues du Québec, remarque l’essor d’un phénomène nommé «fast-food funéraire».

«Les gens croient à tort que lorsque survient le décès d’une personne aimée, s’ils font ça vite, ça va faire moins mal. Malheureusement, ça ne fonctionne pas comme ça. Les rituels funéraires sont nécessaires au processus de deuil», rappelle-t-elle.

Elle demeure toutefois optimiste pour l’avenir, car son organisation constate que les gens commencent à revenir à certaines traditions.

«Nous avons de plus en plus de demandes pour qu’on organise une cérémonie (non religieuse) en l’honneur de la personne décédée», remarque cette dernière. C’est d’ailleurs un aspect nouveau qui est désormais inclus dans la formation des thanatologues.