L’ail à toutes les sauces

AFFAIRES. L’ail est un produit noble, qui rehausse le goût de bien des plats et qui peut être cuisiné de bien des façons. Sonia Lemire, de chez Bou d’ail, à Saint-Étienne-des-Grès, n’hésite pas à multiplier les essais culinaires pour le mettre en valeur. SUR LE MÊME SUJET: Un trésor caché à quatre pouces de profondeur Il est résulté de ses expérimentations près d’une vingtaine de produits qu’elle vend à son kiosque situé sur la rue Principale, dans divers marchés publics de la région et dans certains marchés d’alimentation. Elle fait aussi affaire avec un distributeur qui dessert la région de Québec, la Mauricie et la Beauce. «Chez nous, on adore l’ail… et j’adore le cuisiner! J’ai commencé par produire une confiture à la fleur d’ail, puis une gelée de vin blanc, des moutardes, des vinaigrettes, du ketchup, de la salsa, de l’ail mariné et des gelées de vin rosé, de porto et de pommes. Je fais aussi de l’ail noir depuis peu», exprime-t-elle. Au départ, elle cuisinait tout ça chez elle, mais rapidement, elle s’est mise à faire affaires avec une conserverie, à Québec, pour le plus gros de sa production. «Je lui envoie mes recettes et ma matière première et elle prépare mes pots. Ça me libère et ça reste artisanal. C’est aussi étiqueté à la main.»

Sonia Lemire de Bou d’ail, à Saint-Étienne-des-Grès.
Elle se garde tout de même des recettes à cuisiner chez elle. «J’ai de l’aide de ma fille et de ma mère, entre autres. On arrange les gousses d’ail une par une. D’ailleurs, j’essaie d’en préparer un peu tous les soirs, car ça en demande de grandes quantités.» «Ça ne s’épluche pas si facilement!, renchérit sa fille Frédérique. Ça colle!» «Effectivement, confirme Mme Lemire en riant. Ça brûle aussi les doigts à la longue. On commence avec des gants, mais quand les gousses sont plus petites, on doit les enlever.» Il y a maintenant quatre ans que Sonia Lemire cultive l’ail, en compagnie de son conjoint et de sa fille. Elle a commencé par planter 1500 bulbes sur la terre située en arrière de chez elle. L’année suivante, c’était 3500. Ce nombre a augmenté à 7500 en 2016, puis à 10 000, l’automne dernier. «On plante tout ça à la main, quand il fait froid!, sourit la productrice, qui est une habituée des grands jardins. Ça ne nous effraie pas.» Une telle production s’avère tout de même exigeante, d’autant plus que Sonia Lemire et son conjoint occupent chacun un emploi à temps plein. «De juin à décembre, c’est intense! On a aussi grossi notre entreprise rapidement. Maintenant, on analyse les différentes avenues qui s’offrent à nous pour le futur.» Difficile à « vendre » Sonia Lemire ne s’en cache pas: l’ail est difficile à « vendre » en marché public. «Les gens ne perçoivent pas la différence entre l’ail du Québec et l’ail de Chine. En passant devant notre kiosque, ils se disent que c’est de l’ail comme on en trouve partout. Il y a un gros travail d’éducation à faire pour qu’ils réalisent à quel point ce n’est pas pareil.» Même chose pour la fleur d’ail, qui demeure méconnue mais qui s’avère tellement plaisante à cuisiner. «C’est ce que j’utilise dans presque toutes mes recettes. C’est la tige qui sort de la terre et qui doit être coupée vers la fin juin pour permettre au bulbe de grossir. C’est doux et ce n’est pas indigeste.» Les gens hésitent à goûter, mais une fois qu’ils le font, la majorité accroche. Peu à peu, l’ail du Québec gagne ainsi des adeptes.