La vente de véhicules à essence interdite dès 2035

Le gouvernement du Québec a deposé, le 16 novembre, son Plan pour une économie verte (PEV). Québec dit réaffirmer son engagement « de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 37,5 % d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990 ».

Québec investira 6,7 milliards de dollars entre 2021-2026 dans le PEV. L’électrification des transports sera le fer de lance de ce plan de dix ans. Au total, 3,6 milliards de dollars iront au secteur des transports qui serait à lui seul responsable de 46 % des émissions de GES au Québec. Cet effort doit aussi permettre de gonfler le PIB du Québec de 2,2 milliards d’ici 2030 et de créer plus de 15 000 emplois.

Pour y arriver, Québec prévoit notamment d’interdire dès 2035 la vente de véhicules neufs à essence. Le gouvernement fédéral a misé sur 2040. Il devra peut-être revoir ses plans. Québec espère ainsi pouvoir compter 1,5 million de véhicules électriques sur les routes du Québec dès 2030.

Il s’est vendu en 2019 plus de 400 000 véhicules neufs (voitures, VUS, camionnettes) au Québec, précise Jean Cadoret, directeur des événements et publications à la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec. Atteindre le chiffre magique du 1,5 M de VÉ est donc statistiquement viable. Robert Poéti, president-directeur general de la Corporation, se demande cependant si les fabricants auront, en 2035, la capacité mondiale de livrer au Québec l’ensemble des véhicules nécessaires. «C’est ambitieux et le temps est un peu court», affirme M. Poéti.

Les concessionnaires de la région

Alissa André, directrice marketing chez Véhicules Électriques Simon André, spécialisé dans la vente de véhicules électriques et hybrides branchables, soutient  qu’il faut qu’il y ait plus de choix afin que les consommateurs trouvent réponse à leurs besoins. L’autonomie et le prix figurent au haut de la liste. « Plus il y aura de modèles, plus les prix seront bons. Il faut que les manufacturiers emboîtent le pas, c’est évident», fait-elle remarquer.

De son côté, Gabriel Auger, propriétaire d’ Auger Automobile, souligne que GM envisage de faire 18 nouveaux modèles de voitures électriques d’ici cinq ans. Il doute cependant des objectifs chiffrés du gouvernement Legault.

«Je ne sais pas si on va se rendre, mais l’idée est bonne. Plus on va en faire, moins ils seront dispendieux. Il va falloir qu’ils inventent une autre sorte de batterie. Ils vont manquer de lithium bientôt!» lance M. Auger.

Le président directeur général de Roulez Électrique de Trois-Rivières, Sylvain Juteau estime que le PEV n’est pas assez ambitieux : «Le prix des véhicules diminue très rapidement, c’est plus agréable à conduire, plus convivial. Les concessionnaires se font demander des véhicules électriques, mais ne sont pas capables d’en trouver. Tous les grands manufacturiers investissent des milliards. Ils savent qu’ils n’ont pas le choix », indique M. Juteau.

Quant à lui, Patrick Bonin, responsable de la campagne climat-énergie chez Greenpeace Canada, aurait préféré que les véhicules neufs à essence soient interdits dès 2030.

«Plusieurs pays ont déjà pris cet engagement», mentionne M. Bonin en citant le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Il regrette aussi que le PEV ne soit pas accompagné de mesures dissuasives permettant de taxer les véhicules les plus polluants et énergivores. Il salue cependant le fait que «Québec accompagne ce bannissement d’une loi zéro émission qui force les constructeurs à mettre sur le marché un plus grand nombre de modèles plus verts».

Québec doit réduire ses émissions de GES de 29 millions de tonnes d’ici 2030. Le PEV déposé ne permet cependant qu’un effort de 12 millions de tonnes. Le gouvernement espère atteindre la carboneutralité en 2050.