La plus vieille maison d’Yamachiche mise en vente

PATRIMOINE. La Maison Ferron, reconnue comme gîte touristique, a récemment été mise en vente à Yamachiche.

Cette maison ancestrale, située sur le chemin des Petites-Terres et construite en 1745, aurait été la propriété successive des familles Étienne, François et Louis Lamy jusqu’en 1843. De là, par alliance conjugale entre Claude Ferron et Alphée Lamy, quatre autres générations de familles Ferron se sont succédé dans cette demeure, voisine de la maison natale de l’illustre poète, avocat, journaliste et romancier Antoine Gérin-Lajoie.

C’est en novembre 2009 qu’Yvan Berthiaume et Mireille Mainville l’ont acheté pour finalement en faire leur propre résidence ainsi qu’un gîte du passant. «Quand on a acheté, ce n’était pas prévu d’en faire un gîte. On s’est aperçu qu’on avait des chambres de trop et qu’il y avait une grande histoire derrière ce bâtiment. On a vu un potentiel intéressant. J’ai rénové pas mal toute la maison pour la remettre en état. Depuis ce temps-là, on a accueilli des touristes provenant d’un peu partout en misant toujours sur l’accueil et la propreté», raconte M. Berthiaume.

Dix ans plus tard, les propriétaires ont décidé de mettre en vente le bâtiment. Le prix de vente de cette propriété est fixé à 260 000$. «Je suis rendu à 68 ans. La maison est encore en bon état, mais dans 10 ans, je ne serai probablement plus en mesure de l’entretenir et de la maintenir dans cet état-là. Je préfère quitter et vendre la maison à une personne qui va l’apprécier et qui va en prendre soin. C’est un bâtiment qui a de l’histoire», explique-t-il.

D’ailleurs, selon Yvan Berthiaume, il serait étonnant de trouver preneur rapidement. «En général, une maison comme ça, ça ne se vend pas rapidement. Les maisons ancestrales, après 100 ans, sont vendues sans garantie légale. La personne qui souhaite investir pour devenir propriétaire d’une maison comme ça réfléchit sérieusement avant d’acheter. Elle doit s’attendre à l’entretenir pour pouvoir bien la conserver. Ça demande plus d’attention. Il y a toujours quelque chose à faire.»

«C’est un bâtiment qui a de l’histoire»

– Yvan Berthiaume

Particularités

Actualisée au fil des années en respect de son histoire, cette maison qui compte plus de deux siècles d’existence révèle une architecture exceptionnelle.

La toiture de tôle, remplacée en 2012, repose sur un carré dont les murs sont composés entièrement de brique. Outre les ouvertures, les portes et fenêtres, les murs d’environ 15 pouces d’épaisseur sont percés de sept meurtrières et les vestiges de trois d’entre elles sont toujours visibles.

Le bâtiment possède un toit double. L’ancien est recouvert de vieux bardeaux de cèdre fixés avec des clous forgés. Il est également doté d’une lucarne à balcon central typique à la MRC de Maskinongé et d’une cuisine d’été du côté est. La charpente présente un toit en pente à deux versants, des fenêtres à six carreaux ainsi que des ouvertures symétriques. L’intérieur est entièrement fait de bois.

Yvan Berthiaume, propriétaire, devant les manuscrits historiques de la Maison Ferron. Photo Pier-Olivier Gagnon

En 1981, M. Edmond Ferron, alors propriétaire de la maison, a fait restaurer sa demeure par les frères Héroux, architectes de Yamachiche. Lors de ces travaux, un autre parement de brique a été ajouté. Des réparations ont été effectuées au niveau des fondations, de la toiture et des ouvertures. Le premier étage a été élevé de 12 pouces. Ces améliorations ont permis de modifier l’aspect du bâtiment afin de lui donner un cachet s’apparentant au style des maisons de la rue Sainte-Anne, construites par les mêmes frères Héroux.

La galerie couverte a quant à elle été ajoutée un peu après 1925. Plus récemment, la plomberie, l’électricité et les joints de brique ont été refaits. La maison a également été branchée au réseau d’égout municipal l’automne dernier.

Forte valeur patrimoniale

D’après le livre d’histoire de la municipalité, La Maison Ferron est considérée comme étant la plus vieille maison d’Yamachiche et l’un des plus vieux bâtiments habitables de la région. Cette résidence détient toujours une forte valeur patrimoniale même si elle ne se retrouve pas dans le Registre du patrimoine culturel du Québec. Sa valeur repose notamment sur son intérêt historique et son architecture unique.

Construite en bordure du Chemin-du-Roy, cette maison a fait le bonheur des nombreux touristes et passants qui y ont séjourné. Depuis quelques années seulement, une aire de repos aménagée devant cet attrait touristique permet aux cyclistes de s’arrêter.

Yvan Berthiaume confirme que des gens ont déjà démontré de l’intérêt envers sa propriété. Est-ce qu’ils auront eux aussi le goût et le courage, après plus de 270 ans d’histoire, d’écrire un nouveau chapitre dans cette maison? À suivre…

Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon