La Petite rivière Yamachiche parmi les plus polluées de la province

EAU. Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a dressé le palmarès des 10 rivières les plus polluées du Québec.

En Mauricie, une seule rivière est identifiée dans ce palmarès peu enviable, soit la Petite rivière Yamachiche. Ce portrait a été réalisé selon l’Indice de qualité bactériologique et physicochimique des rivières avec les données obtenues suite aux analyses des échantillons d’eau récoltés mensuellement pour la période 2015-2017.

Pour l’Organisme de bassins versants des rivières du Loup et des Yamachiche (OBVRLY), cette situation représente un défi de taille qu’il est prêt à relever en collaboration avec les différents acteurs de l’eau du territoire d’intervention.

«On est conscient de la situation. On fait une tournée des rivières chaque mois. La Petite rivière Yamachiche a en effet souvent de très mauvais résultats lors des analyses d’eau. Ce sont régulièrement les mêmes critères qui font que cette rivière-là est déclassée. Il y a les matières en suspension, donc les sédiments dans le cours d’eau  qui sont très élevés pour la taille du bassin versant et les nutriments (phosphore et azote) qui proviennent souvent des fertilisants et des effluents municipaux», commente Francis Clément, directeur général de l’OBVRLY, lequel remarque également une forte présence de coliformes fécaux associés à une contamination par les matières fécales.

Cependant, ce dernier estime qu’une part des résultats obtenus pour la piètre qualité de l’eau de cette rivière est également attribuable à son état naturel.

«C’est une rivière vaseuse. On ne peut pas faire grand-chose pour la portion naturelle. Par contre, il y a une part qui revient aux activités humaines faites sur le territoire, notamment au niveau agricole. Pour ça, on peut mettre en place des actions qui permettront d’améliorer la situation», reconnait M. Clément.

Un organisme de bassin versant n’évolue pas sans son plan directeur de l’eau. Cet outil indispensable assure une vision à long terme de la gestion intégrée de l’eau et se trouve au cœur du mandat des organismes de bassin versant suite à l’adoption de la Politique nationale de l’eau, en 2002.

Un plan directeur de l’eau s’étale sur plusieurs années et se subdivise en plusieurs étapes, soit l’analyse du bassin versant comprenant le portrait et le diagnostic, la détermination des enjeux et des orientations, l’élaboration d’un plan d’action, sa mise en œuvre ainsi que le suivi et l’évaluation de celui-ci.

Un travail déjà amorcé

En 2014-2015, l’OBVRLY avait obtenu le financement nécessaire pour débuter une démarche visant la Petite rivière Yamachiche. À l’époque, cette première phase avait permis d’analyser et de produire un diagnostic sur ce cours d’eau. Toutefois, la mise en place d’actions n’avait pas pu voir le jour pour des raisons administratives.

«La situation, on la connait et on sait ce qu’il y a à faire. C’est déjà un bon début. Ce serait intéressant de poursuivre le dossier et de mettre en place les actions. Si on voit qu’il y a un intérêt des producteurs et une mobilisation, on ira de l’avant avec un projet. Ça doit d’abord partir de là. On les accompagnera avec le Groupe Envir-Eau-Sol», indique le directeur général de l’OBVRLY.

Des pistes de solution

L’Organisme de bassins versants des rivières du Loup et des Yamachiche a déjà ciblé deux solutions pour améliorer la qualité de l’eau de cette rivière. D’abord, l’aménagement de bandes riveraines qui permettrait de stabiliser les rives et de retenir les sédiments, ainsi que l’implantation de cultures de couverture, soit de l’engrais vert, de l’intercalaire ou de la culture automnale et hivernale.

«Tout ça commence à prendre un peu plus d’ampleur dans le milieu agricole et ç’a plus d’impact à long terme. Il faut amorcer cette transition et soutenir les producteurs là-dedans», confie Francis Clément.

«Ce cours d’eau est un petit bassin versant d’environ 100 kilomètres carrés et à 90 % agricole. Selon la dernière analyse de pertes de sol, il y a des secteurs plus problématiques. Presque 33 tonnes de matières à l’hectare sont perdues annuellement à certains endroits. C’est majeur pour le cours d’eau, mais pour les producteurs aussi. Tout le monde a un intérêt à travailler là-dessus», croit-il.

Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon