La pandémie et l’industrie funéraire
COVID-19. De par son ampleur et ses multiples facettes, la crise actuelle que traverse le Québec affecte la vie comme la mort. Qu’en est-il justement de l’industrie funéraire, dont le rôle est fondamental?
Malgré la hausse soudaine du nombre de décès dans la région et le contexte particulier dans lequel ceux-ci sont survenus, les centres funéraires ont quand même réussi à s’adapter à cette nouvelle réalité.
La Maison funéraire St-Louis, présente à Louiseville, Shawinigan, Pointe-du-Lac, Maskinongé, Yamachiche, Saint-Thomas-de-Caxton, Saint-Paulin et Saint-Alexis-des-Monts, a été au cœur de l’action ces derniers mois. «Dès le début de la crise, nous étions prêts et bien organisés. Nous avons été un peu plus occupés du côté de Shawinigan et un peu moins ailleurs. De façon générale, de mars à juin, il y avait quand même beaucoup de décès, un peu plus que la moyenne sauf qu’en même temps, il y avait moins d’événements organisés. Nous avons quand même réussi à travailler à personnel réduit et à suffire à la demande», raconte François St-Louis, copropriétaire.
Que ce soit dans la conservation des corps pour une exposition, l’incinération ou la tenue de funérailles au moment souhaité par les familles, les règles habituelles et celles imposées par la Santé publique ont été respectées.
Si les corps des personnes atteintes de COVID-19 étaient systématiquement incinérés au début de la crise, la directive ministérielle a été revue en cours de route. «Il ne fallait pas qu’il y aille de manipulations ou de thanatopraxie. On pouvait toutefois placer les corps sans préparation dans un cercueil hermétique, si la victime avait demandé d’avoir un cercueil et d’être enterrée», précise M. St-Louis.
D’ailleurs, l’augmentation des décès n’a pas eu d’impact sur la capacité de l’entreprise funéraire à traiter les nouveaux décès. «Nous avons été en mesure d’accueillir dans nos installations tous les corps. Nous avions déjà réservé une chambre froide et un laboratoire pour tous les cas de COVID à Shawinigan. Tous les autres décès ont été traités dans notre deuxième laboratoire. Évidemment, c’était un peu plus de gestion, mais ç’a vraiment bien été», reconnait-il.
Le deuil dans un contexte de pandémie
La pandémie de la COVID-19 a chamboulé l’industrie funéraire, mais surtout la façon de vivre le deuil. Alors que la crise sévissait, la Maison funéraire St-Louis rappelle qu’elle était toujours autorisée à organiser des rituels funéraires, mais les formules ont cependant été revues. L’entreprise a fait preuve de créativité et de flexibilité pour bien servir les familles endeuillées. «On n’a pas arrêté de faire des événements, mais le nombre a diminué. On faisait des rituels plus intimes en respectant toutes les normes et les exigences gouvernementales. On a fait et expérimenté de nouvelles affaires, notamment en plein air plutôt que dans une résidence ou à l’église. On a essayé de se renouveler et ç’a bien fonctionné. Les gens ont vraiment apprécié. J’ai l’impression que ça va aussi rester pour le futur et que les événements se dérouleront de façon plus intime», confie M. St-Louis.
Une offre adaptée
La Maison funéraire St-Louis a également revu ses façons de faire pour les préarrangements funéraires. Elle a notamment réalisé des rendez-vous à distance, par téléphone ou par Internet, en plus d’offrir la possibilité de consulter sa large gamme de produits via une boutique en ligne. «C’est une drôle de façon de faire parce que dans le domaine funéraire, l’aspect humain et la proximité avec les gens sont des éléments très importants. Les familles ont besoin de réconfort, d’être rassurées, accompagnées et bien conseillées. La tenue de funérailles fait partie du cheminement d’un deuil. On s’est ajusté. Lorsque les gens n’étaient pas à l’aise avec les méthodes à distance, on organisait des rencontres dans nos locaux avec les précautions nécessaires», exprime François St-Louis.
Retour à la normale
Avec le déconfinement, le téléphone ne dérougit pas dans les complexes funéraires pour planifier le dernier hommage du défunt. Bien sûr, cette situation entraîne un défi supplémentaire au niveau de la logistique. «Ces jours-ci, il y a un flot important d’événements à organiser. Pour la plupart des familles, elles attendent le bon moment ou l’autorisation de pouvoir retourner à l’église. Pour les autres, on fait des propositions», répond M. St-Louis, en soulignant au passage que l’ordre chronologique des décès ne sera pas nécessairement suivi.
Dorénavant, la Maison funéraire St-Louis croit que la tendance de tenir les funérailles le week-end va maintenant changer. «Il va en avoir n’importe quand maintenant. C’était un peu une mode de tenir ça le samedi ou le dimanche, mais en réalité on peut faire ça n’importe quelle journée, entre autres la semaine, et de plus en plus, à la demande des familles, les événements seront moins longs», signale-t-il.
L’Écho de Maskinongé a tenté de joindre la Maison funéraire Richard et Philibert, sans succès.
Avec la collaboration de Stéphane Lévesque