La majorité des municipalités riveraines en faveur d’une levée partielle du moratoire

Pêche à la perchaude au lac Saint-Pierre

POLITIQUE. Alors que s’achève sa tournée des municipalités, le président de l’Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre, Jean Lévesque, est très satisfait de l’appui qu’il a obtenu jusqu’ici pour demander la levée partielle du moratoire sur la perchaude, notamment pour les pêcheurs sportifs.

Le dossier est revenu dans l’actualité, en décembre dernier, après la publication d’un rapport rédigé par le biologiste à la retraite, Raymond Faucher.  Ce document est venu contredire les conclusions du Comité aviseur scientifique sur la gestion de la perchaude au lac Saint-Pierre sur lesquelles s’étaient basées le précédent gouvernement pour reconduire le moratoire jusqu’en 2023.

L’Association des pêcheurs est ensuite partie en quête de résolutions des conseils municipaux afin d’obtenir leur appui. L’organisme a également demandé au député caquiste de Nicolet-Bécancour, Donald Martel, de piloter le dossier. Une rencontre doit d’ailleurs se tenir prochainement avec lui. «On veut organiser une rencontre avec les députés de la CAQ et ensuite aller voir le ministre», indique le président de l’Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre, Jean Lévesque.

Plusieurs municipalités telles que Baie-du-Febvre, Pierreville, Saint-François-du-Lac, Saint-Pierre-les-Becquets et Yamaska, sur la Rive-Sud, de même que Berthierville, Louiseville et Batiscan, sur la Rive-Nord, ont affiché un «oui» catégorique. Ils se sont prononcés en faveur d’un quota de possession de 10 perchaudes par permis, par jour, pour la pêche sportive, et ce, sans restriction de saison.

Ils font valoir que la mesure imposée depuis mai 2012 est une première dans le domaine des pêcheries en eau douce et qu’elle porte un dur coup à l’économie locale et régionale, alors que les données sur lesquelles se sont basées les autorités pour décréter ce moratoire sont «désuètes» et «ne reflètent plus la réalité d’aujourd’hui».

Ils estiment que le maintien d’un moratoire,  qui met à mal les communautés riveraines du lac Saint-Pierre se doit d’être basé sur des données solides et fiables et qu’à la lumière du rapport préparé par le biologiste Raymond Faucher, on peut émettre de «sérieux doutes» en regard de l’assise du moratoire actuel.

D’autres municipalités ont aussi démontré de l’ouverture, dont la Ville de Nicolet, qui demande au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs d’examiner le document qui leur a été soumis et d’évaluer la possibilité d’une levée partielle du moratoire pour la pêche sportive en période hivernale.

Après avoir reçu des informations présentant les deux côtés de la médaille, la Ville de Bécancour s’est dite sensible aux revendications des pêcheurs en lien avec le moratoire. Le conseil a donc demandé de prendre en considération les arguments apportés par l’Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre.

Même chose à Yamachiche, qui affiche une position plutôt neutre en demandant au gouvernement de regarder la possibilité de faire une autre étude en tenant compte des plus récentes données obtenues par l’Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre pour valider si le ministère arrive aux mêmes résultats.

À l’inverse, Maskinongé et Trois-Rivières se sont prononcées contre cette demande. La communauté d’Odanak souhaite également un maintien du moratoire, mais souhaite qu’une étude soit menée pour avoir plus d’informations à propos des cormorans.

Pour leur part, les municipalités de de Sainte-Anne-de-Sorel et de Champlain ont refusé de se prononcer, prétextant ne pas avoir la connaissance pour le faire ou manquer de données pour se prononcer.

Des retombées économiques importantes

L’aspect économique a fait pencher la balance jusqu’ici lors des discussions avec les municipalités, raconte Jean Lévesque. «Quand on a sorti les chiffres des retombées que ça avait sur les municipalités autour du lac Saint-Pierre, ils ont ouvert les yeux. On parle de 9,3 millions de dollars annuellement en perte de revenus à cause de la diminution des pêcheurs sportifs. L’été, ç’a eu moins d’impact, mais l’hiver c’est catastrophique. On est parti de 2050 cabanes à 600 sur l’ensemble du lac Saint-Pierre. Tu peux calculer au moins quatre pêcheurs par cabane.»

Celui-ci estime que les biologistes ont sous-estimé l’impact des cormorans sur la diminution des stocks. «Ils parlent de ceux où ils ont badigeonnés sur les îles, mais ils oublient ceux qui sont nichés dans les arbres et de ceux qui sont en migration. Ce qui représente de 4 000 à 5 000 cormorans. C’est majeur. Assez pour briser l’équilibre pour la survie de la perchaude. La pression est trop forte. Le taux de mortalité normal, c’est 80%, par les prédateurs naturels, mais en ajoutant la prédation des cormorans c’est au-dessus de ça.»

«L’Ontario est actuellement en train de plancher pour permettre la chasse au cormoran, pour permettre d’en tuer 50. Parce qu’eux autres, c’est vraiment un fléau sur le lac Ontario. On sait très bien que s’ils se mettent à les abattre, ils vont les envoyer chez nous. Il faudra qu’on soit arrimé avec l’Ontario. Ce sont des discussions qu’il faut avoir avec le ministre.»

Avec la collaboration de Pier-Olivier Gagnon