La légende telle que racontée par le Père Sarrasin

La Confrérie des Sarrasins a joué un rôle primordial pour faire connaître le sarrasin et le festival associé à la plante annuelle et tous les produits qui en découlent. Il y a plusieurs années, le Père Sarrasin, membre fondateur de la confrérie du même nom a mis sur papier la légende du «cuisinier sarrasin». L’Écho de Maskinongé dévoile aujourd’hui cette histoire grandiose.

C’est par une belle nuit chaude d’un été qui n’en finissait pas de s’étirer que le cuisinier du Régiment de Carignan, lequel on appelait amicalement «le cuistot Sarrasin», se prélassait assis sur une grosse roche qui bordait le lit de la rivière Mahigan Sipiy (rivière du Loup) à l’embouchure du majestueux lac St-Pierre. Il regardait paisiblement de légers nuages passer lentement devant Dame la Lune.

Le clapotis des vagues venait se perdre au pied de la roche sur laquelle le cuisinier s’était recroquevillé. Il se mit à errer pensivement, surtout à ressasser les souvenirs d’une vie bien remplie qu’il avait jusqu’à ce jour vécue au service du Roi de France Louis XIV. Soixante-dix ans bien sonnés, il avait écoulé la majeure partie de ses printemps à titre de cuistot du régiment.

Il scrutait la voûte céleste qui scintillait de ses mille feux. Fatigué de cette vie bien remplie, il pensait que le jour de quitter cette terre n’était peut-être pas tellement loin et que…..son créateur le rappellerait bientôt à lui.

Une légère brise soudaine le fit frissonner. Tout en se croisant les bras, il se frottait vivement les épaules pour activer sa circulation sanguine afin de se réchauffer.

Il quittait des yeux la voûte céleste pour jeter un regard vers l’horizon et là, il aperçut sur l’autre rive une lueur blanchâtre presque argentée. Cette luminescente lueur se dirigeait lentement vers lui…

Plus elle approchait, plus elle se précisait! Finalement, elle se posa sur l’amas rocailleux qui se trouvait à une quinzaine de pieds sur sa droite. Tout à coup, cette lueur se transforma en une très belle fée. Il se sentit envahi par un doux sentiment d’amour et une joie profonde s’empara de son être. Puis, voilà que des sons mélodieux accompagnaient ces sentiments.

D’une voix douce et langoureuse, la fée s’adressa à lui en ces termes: «Je te salue ô noble personnage, toi qui a été pour moi l’instrument qui m’a permis de faire connaître à tes compagnons d’armes cette farine à laquelle ils ont donné ton nom. Aujourd’hui, je fais appel à toi pour que se perpétue la culture du sarrasin. Et pour ce faire, je te demande de prendre ta plume de bernache afin d’écrire sur ce parchemin en feuille de bouleau ces dernières volontés qui seront tiennes et qui permettront, dans quelques centaines d’années, la reprise de la culture de cette céréale qui porte ton nom.»

«Moi, le cuisinier Sarrasin cuistot au service du Régiment de Carignan, sous les ordres du Sieur de Manereuil, étant sain d’esprit et en pleine possession de mes facultés, je désire édicter à celui de mes descendants qui trouvera ce parchemin, une directive à laquelle il devra se soumettre. Voir et faire en sorte que se perpétue la tradition de la culture de cette céréale qui est un don des dieux. Elle nous fut laissée par l’intervention d’une fée qui veille discrètement depuis des temps très anciens sur notre comté et sur nos tables. Ce descendant qui aura l’appellation de «Père Sarrasin» devra fonder et mettre sur pied une confrérie qui se nommera: La Confrérie des Sarrasins. Ses objectifs seront de promouvoir cette céréale et surtout ses produits dérivés.

Cette lourde tâche lui incombera et c’est lors de ses pérégrinations en Wallonie, partie francophone de la Belgique, qu’un signe physique lui sera donné, qui l’amènera à réaliser cette confrérie.

C’est à l’occasion d’une visite à l’église de Walcourt que le Père Sarrasin trouvera cachée cette superbe pièce architecturale: une épée Louis V. Seulement lui pourra la retirer! Le bourgmestre de l’endroit lui en fera ensuite cadeau.

C’est là que le Père Sarrasin comprendra ce que le parchemin de mes dernières volontés signifie en réalité.

Et la légende persistera ainsi que la culture de cette céréale. Et tous ces produits dérivés prendront forme.»