La CPTAQ défavorable au projet de sablière à Saint-Étienne

TERRITOIRE. Après avoir soulevé la grogne des citoyens l’été dernier, le projet de sablière entre le 3e et le 4e rang à Saint-Étienne-des-Grès a subi un premier revers. Dans son orientation préliminaire, la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) révèle que la demande de transformer une terre agricole en sablière devrait être refusée.

La CPTAQ évalue que le projet soumis par le promoteur Claude Grenier ne respecte pas la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles dont l’objectif est d’assurer la pérennité d’une base territoriale pour la pratique de l’agriculture et de favoriser, dans une perspective de développement durable, la protection et le développement des activités et des entreprises agricoles dans les zones agricoles.

Ce projet d’exploitation d’une sablière devait s’étendre sur une superficie de 10,5 hectares sur une période de 15 ans.

Actuellement, la zone agricole concernée par le projet supporte plusieurs parcelles exploitées par différentes cultures, dont le maïs-grain et le soya. Le site visé est quant à lui boisé avec un peuplement d’érables ayant déjà servi à une exploitation acéricole.

Le promoteur souhaiterait couper les arbres, retirer une couche de sable et réaménager le site pour le remettre en état d’agriculture après l’avoir exploité.

À cet égard, la Commission prend en considération que le retour du site en état d’agriculture nécessite la mise en oeuvre d’une série de travaux et de mesures ciblant la stabilité des talus et le contrôle de l’érosion, le rétablissement de la fertilité des sols, le drainage et l’infiltration de l’eau, la correction de la compaction, l’amélioration de la structure du sol ainsi que la stabilité structurale.

Considérant les impacts issus de l’ampleur et de la durée de réalisation des travaux, elle estime que le projet aurait un effet davantage néfaste sur la préservation du potentiel agricole que son état naturel et qu’il limite les possibilités d’utilisation à des fins agricoles sur les lots visés pour une longue période.

Dans son analyse, la CPTAQ mentionne que lors du dépôt de la demande, le promoteur n’a pas identifié de problématiques topographiques, agronomiques et agricoles suffisamment importantes nécessitant des travaux d’extraction du sable d’une telle envergure à cet endroit. «Accueillir favorablement l’implantation d’une toute première sablière dans cette zone agricole consacrerait l’amorce d’une déstructuration très néfaste pour le secteur environnant et risquerait de compromettre l’homogénéité de cette communauté et de l’exploitation agricole. La Commission n’est pas convaincue que le site visé constitue le site de moindre impact pour l’agriculture. À cette étape-ci de l’étude du dossier, il n’y a aucune démonstration que cette sablière ne pourrait pas s’implanter ailleurs, permettant de réduire, voire même d’éliminer, les contraintes sur l’agriculture», peut-on lire dans l’orientation préliminaire.

Rappelons que lors des derniers mois, une pétition avait été lancée par des citoyens de Saint-Étienne-des-Grès afin de faire avorter le projet. Plus de 300 signatures avaient été amassées.

Certains d’entre eux ont d’ailleurs témoigné de leur désaccord à la CPTAQ dans diverses correspondances. Les observations soumises font état des impacts environnementaux, sur la nappe phréatique et sur la qualité du milieu de vie. Des citoyens du Domaine Lavoie, non desservis par le réseau d’aqueduc municipal, jugent pour leur part que la sablière pourrait menacer leur approvisionnement en eau.

La CPTAQ devrait rendre sa décision finale lors des prochains mois après avoir pris connaissance des nouveaux arguments du promoteur, s’il y a lieu.