«J’étais si "gelé" que je ne savais même plus qui j’étais» – René Sauriol

TOXICOMANIE. La 27e Semaine de prévention de la toxicomanie s’étend du 16 au 22 novembre, mais pour René Sauriol, la lutte à la dépendance aux drogues et à l’alcool est devenue une mission quotidienne.

Il connaît le problème pour l’avoir lui-même vécu. Il a consommé drogues et alcool de l’âge de 14 à 29 ans, à l’époque du "sex, drugs and rock’n roll".

Son mal, il le doit à l’origine au sentiment de rejet: en plus d’avoir un sérieux problème d’acné, il est un enfant agité: « J’avais besoin d’attirer l’attention, de me faire aimer à tout prix, hyperactif, hyper-tannant. Je tombais sur les nerfs de bien des gens. »

D’abord consommateur de fin de semaine, le problème s’aggrave avec les années. La cocaïne? Il s’y met vers l’âge de 25 ans. Diplômé en gestion et administration, il connaît beaucoup de succès en affaires.

Voici un jeune devenu entrepreneur en services financiers, avec des revenus annuels oscillant entre 300 000$ et 400 000$. La poudre aidant, c’est la folie furieuse dans les discothèques pendant les quatre années suivantes.

« J’ai complètement perdu la maîtrise de ma vie », se rappelle-t-il.

À 29 ans, devenu esclave d’une consommation quotidienne, il souffre d’inquiétants trous de mémoire et est victime d’évanouissements de plus en plus fréquents. « À certains moments, j’étais si "gelé" que je ne savais même plus qui j’étais. »

Dépression, divorce

Thérapie de six semaines, Alcooliques Anonymes. Période d’accalmie au cours de laquelle il trouvera épouse et la stabilité. Il connaît avec cette femme les 15 meilleures années de sa vie.

Cependant, la toxicomanie et l’alcoolisme sont des maladies très puissantes et sournoises. Devenu un modèle de réussite parmi ses pairs, son égo prend le dessus. Il se pense heureux, invincible, au-dessus de tout.

Son autosuffisance le ruine. À 47 ans, il doit déclarer faillite. Son fonds de pension d’un demi-million $ y passe. Dépression nerveuse majeure. Divorce deux ans plus tard. Il est seul.

« Quand le volcan a sauté, j’ai enfilé mon premier verre de vin après 21 ans de sobriété. J’ai trouvé ça tellement bon que j’ai cru que je venais de trouver mon remède. Je suis tombé dans les pires excès, à tout point de vue. J’ai connu la maladie mentale qui a frôlé la folie! »

Son "remède" l’a mené loin, jusqu’à une fraude de 500 000$. Son butin, il l’aura dépensé jusqu’au dernier sou en moins de deux ans.

L’alcool l’a aussi mené jusqu’à une troisième tentative de suicide (voir texte ci-contre).

Puis, au bord du précipice lui est venu l’espoir, grâce à une voix venue d’il ne sait où.

 

Texte rédigé par René-Pierre Beaudry de TC Media