Histoire de pêche… véridique!

SAINT-BONIFACE. Des poissons «gros comme ça», les frères Jérémi et James Deshaies en attrapent un après l’autre quatre saisons par année! Les deux blogueurs de Saint-Boniface ont appris à manier la canne à pêche au chalet de leurs grands-parents, au bord du fleuve Saint-Laurent.

Vers l’âge de 10 ans, James, avec l’aide de son grand frère, a sorti de l’eau une de ses plus grosses carpes en «carrière»: «Elle devait approcher les 50-60 livres, se rappellent les deux complices. On voulait la garder pour la montrer à notre père, à son retour du travail. Pour ça, on avait creusé un méchant gros trou dans le carré de sable. On y avait ajouté plein de sacs en plastique et on l’avait rempli d’eau pour faire une petite piscine. On avait gardé la carpe vivante toute la journée. Le poisson était aussi gros que notre petite sœur qui devait avoir 8-9 ans! Ça nous avait pris quasiment une heure pour le sortir de l’eau!».

L’exploit a évidemment été immortalisé en photos… sans «Photoshop», bien sûr! Aussitôt, les deux mordus de pêche ont souhaité répéter l’exploit. Chose qu’ils font désormais quasiment jour après jour, depuis quelques années…

Records

Aujourd’hui, les deux frères, âgés de 21 et 23 ans, détiennent une fiche record de prises spectaculaires, dont la majorité sont sorties directement du fleuve Saint-Laurent, entre Louiseville et Gentilly. Un coup d’œil à leur blogue, tenu sur la page Facebook JD Fishing, vaut d’ailleurs mille mots. On les voit poser fièrement avec des maskinongés, esturgeons, bars rayés, dorés, brochets et autres carpes fraîchement pêchés avant d’être soigneusement et respectueusement remis à l’eau.

«Il y a de tout, dans le fleuve! Il y a plein de belles pêches à y faire. Ça dépasse les 40-50 pouces et les 20-30 livres. Et c’est juste à côté!», disent-ils avant de raconter le «thrill» qu’ils vivent lorsqu’ils capturent des géants du fleuve. «Ce sont vraiment de beaux combats! Quand on en sort un dans le bateau, l’adrénaline est dans le tapis; on en shake! C’est vraiment le fun

Plus les années passent, plus les frères Deshaies visent haut. «À chaque fois qu’on sort [sur l’eau], on veut battre nos records, raconte Jérémi. Cette année, on en a battu plusieurs, dont certains pendant 3 ou 4 jours d’affilée!»

Mordus de pêche!

Depuis qu’ils sont petits, James et Jérémi Deshaies passent des heures sur l’eau. «C’est notre grand-mère (Rolande Lemay) qui nous a initiés à la pêche. Elle adore ça. Aujourd’hui, elle approche les 90 ans et si elle le pouvait encore, elle continuerait à pêcher. Quand on lui montre des photos de nos prises, elle n’en revient pas. Elle est notre fan numéro un!», racontent-ils, se remémorant les bons moments passés au chalet en compagnie de leur grand-mère et de leur grand-père (Lionel Deshaies), un grand joueur de softball. «On passait tous nos étés là. Les semaines de relâche aussi. En fait, on était presque tout le temps au chalet!»

Par la force des choses, ils sont devenus d’habiles pêcheurs à la passion toujours grandissante. Tous deux rêvent de vivre, un jour, de leur hobby. Peut-être même du blogue qu’ils ont démarré il y a deux ans. Pour le moment, Jérémi est guide de pêche l’été dans une pourvoirie au nord de la Saskatchewan. James, de son côté, achève son baccalauréat en géographie environnementale.

Cet hiver, ne les cherchez pas. Ils seront presque tout le temps sur le fleuve, dans une de leurs deux cabanes de pêche. «On va faire du 16-17 heures par jour pendant quasiment deux mois complets», évoquent-ils. Ils chercheront à perfectionner leur technique et leur approche, tout en offrant leurs services à titre de guides. Ils mettront aussi leurs cabanes et équipements à la disposition des gens. «Notre but sera de s’assurer qu’ils attrapent des poissons pour qu’ils apprécient l’expérience.»

Folie et passion

Malgré leur jeune âge, les JD Brothers, comme ils se surnomment, ont déjà passé plus de 2000 heures sur le fleuve. Ce temps consacré à la pêche explique une partie de leur succès. Parmi les autres ingrédients, il y a de la patience, de la détermination et de la passion, pour ne pas dire un brin de folie!

«Quand on était adolescents, on allait sur le fleuve la nuit en canot, à côté des gros paquebots qui passaient et leurs grosses vagues. On pêchait dans le noir. Des fois, on était rendu à la fin octobre et il faisait vraiment froid. On s’emmenait des couvertes, on s’emmitouflait jusqu’au cou et on restait toute la nuit dans le froid. Le monde devait nous trouver fous de faire ça!», se rappelle Jérémi.

C’est lui, d’ailleurs, qui a eu l’idée de démarrer un blogue. «J’écoutais beaucoup de blogueurs sur Youtube. J’ai lancé ma propre chaîne et fait une vingtaine de vidéos. J’aimais ça me filmer, mais c’était beaucoup de travail au final, avec le montage. J’ai découvert après deux ou trois mois que je n’aimais pas assez ça pour poursuivre. Avec mon frère, on s’est dit qu’on allait faire ça en photos, à la place.»

Peu à peu, le projet grossit. Environ 1200 personnes les suivent sur Facebook. Des commanditaires ont aussi commencé à les approcher. Tranquillement, ils se rapprochent de leur objectif de vivre de leur loisir. Et en persévérant, ils se rapprochent peut-être aussi de leur rêve ultime: combattre une deuxième fois un de leurs géants. «On remet nos prises à l’eau en espérant les recroiser un jour. Ce serait super que ça arrive.»