Grande déception dans les municipalités concernées
Retrait de trois guichets automatiques dans la MRC de Maskinongé
FINANCES. Les services en ligne ou automatisés auront eu raison des guichets automatiques dans trois municipalités de la MRC de Maskinongé. La Caisse Desjardins de l’Ouest de la Mauricie (CDOM) a annoncé, le 21 janvier dernier, qu’elle ne renouvellerait pas les guichets automatiques dans les municipalités de Saint-Justin, Saint-Édouard-de-Maskinongé et Saint-Barnabé. Cette décision est basée sur leur faible utilisation. «Avant, un guichet ça roulait à 8 000 transactions par mois. Les guichets qu’on retire sont sous la barre des 2 000 transactions. On note une diminution de l’utilisation des guichets de l’ordre de 10 % et à certains endroits c’est 14 %. On s’attend à ce que ça baisse encore de 5 à 10 % l’an prochain. Comme on doit renouveler notre parc de guichets et qu’il y a une faible utilisation dans ces municipalités, nous avons décidé de les retirer complètement», explique Sylvie Desaulniers, directrice générale de la Caisse Desjardins de l’Ouest de la Mauricie. «Personne n’est surpris de cette décision. On présentait les chiffres à chaque Assemblée générale annuelle depuis 2015. Honnêtement, il y a cinq ans, on ne pensait pas se retrouver à retirer des guichets. Il y avait une baisse, mais c’était correct. Aujourd’hui, la réalité est différente et l’utilisation aussi. La machine n’est plus appuyée par Desjardins. On devait penser à ça aussi». L’institution financière révèle que les équipements seront retirés le 22 février prochain. Rappelons que ces municipalités n’avaient déjà plus de service au comptoir. Au total, neuf guichets demeureront accessibles au siège social de Louiseville, dans les centres de services et dans les endroits stratégiques sur le territoire, soit à Yamachiche, Saint-Étienne-des-Grès, Saint-Élie-de-Caxton, Saint-Paulin, Sainte-Ursule et Louiseville. En ce qui a trait aux locaux désertés par Desjardins, les bâtiments appartenant à la Caisse à Saint-Justin et à Saint-Barnabé étaient déjà en vente, mais n’ont toujours pas trouvé preneur. À Saint-Édouard-de-Maskinongé, le contrat de location du local ne sera pas renouvelé. Transition Afin de soutenir les 500 membres touchés par cette décision, la Caisse a annoncé la mise en place d’un plan d’accompagnement. «Tout le monde a reçu un publipostage. Notre équipe de gestion communiquera de façon individuelle par téléphone avec tous les membres touchés par cette décision pour voir comment on peut les accompagner là-dedans. On va les questionner sur leurs besoins, leurs façons de faire leurs transactions et on va présenter les options qui s’offrent à eux maintenant. La meilleure manière de s’occuper des gens à travers ce changement, c’est en discutant avec eux. On l’avait fait lorsqu’on avait fermé les comptoirs. Ça avait bien été», rapporte Mme Desaulniers. La Corporation de transports collectifs de la MRC de Maskinongé offrira gratuitement une solution de transport transitoire pour les gens qui en auraient besoin. «C’est un changement dans les habitudes, mais il y a toujours des guichets pas trop loin de ces municipalités. Ça demande une nouvelle adaptation. Les gens qui voudront utiliser un guichet pourront le faire dans les municipalités où il y en a toujours. Par exemple, les gens de Saint-Justin pourront aller à Louiseville, à Sainte-Ursule ou même à Maskinongé. Maskinongé ne fait pas partie du regroupement, mais les membres peuvent quand même utiliser leur guichet. Si les gens restent chez Desjardins, ce n’est pas une perte pour nous. Si ça peut leur rendre service d’aller à Maskinongé, on aidera Maskinongé à aider nos membres. La priorité est d’accompagner les gens et ne pas les laisser tomber», confie la directrice générale de la CDOM. Déception dans le milieu Évidemment, le retrait des trois guichets automatiques déçoit les maires des trois municipalités concernées. «C’est très dommage, mais on voyait venir ça. Dans notre municipalité, la Caisse avait déjà fermé le comptoir il y a bientôt deux ans. Là, c’est vraiment l’achalandage au guichet qui justifie leur décision. Maintenant, il y a possibilité de payer par Internet. Nous sommes victimes de ça. Ça me fait mal au cœur un peu, car la Caisse fait partie des municipalités. On aura au moins une petite compensation pour un projet structurant», mentionne François Gagnon, maire de Saint-Justin. Le maire de Saint-Édouard-de-Maskinongé comprend cette décision, mais il ne cache pas lui aussi sa déception. «C’était déjà prévu et il en avait déjà été question. La Caisse coupe les guichets parce qu’il n’y a pas le rendement voulu. Tout se règle maintenant par Internet et par téléphone intelligent. Je comprends la situation. Par contre, dans plusieurs villages, la proximité du service est importante, notamment pour les personnes âgées. Cette proximité-là, on ne l’aura plus. Quand il y a des coupures de ce style-là, c’est toujours une perte pour notre milieu. L’histoire des caisses Desjardins a été faite en fonction des travailleurs et des petits citoyens. C’est une coopérative! Maintenant, Desjardins fait partie des gros joueurs. Ce sont les dividendes et les bénéfices qui sont prioritaires», confie pour sa part Réal Normandin. À Saint-Barnabé, Michel Lemay affirme que sa municipalité perd un symbole. «On s’attendait à un dénouement semblable dans les mois ou les années à venir, mais peut-être pas aussi tôt. On avait perdu le comptoir il y a bientôt cinq ans. On savait que ce guichet ne serait pas remplacé par la nouvelle génération. Par contre, on voulait le garder le plus longtemps possible. C’est sûr qu’il faut être réaliste aussi. La consommation de produits financiers et la technologie ont beaucoup évolué», répond le maire de Saint-Barnabé. «L’église, la caisse populaire et le bureau de poste représentent le cœur d’un village. Aujourd’hui, c’est un symbole qui disparait. On avait une grosse caisse à Saint-Barnabé parce que c’était un siège social pendant plusieurs années. Cette fermeture touche surtout les personnes âgées et il faut se rappeler que ce sont eux qui ont bâti et créé la caisse. Leurs habitudes sont différentes de la jeune génération. Nous avons été rassurés de savoir que ces gens-là seront accompagnés par les employés de la caisse et qu’il y aura du transport pour eux. Ça ne change pas pour la municipalité le résultat final». Saint-Barnabé évalue présentement la possibilité d’acheter l’édifice appartenant à la CDOM. Soutien financier Comme elle l’a fait lors de la disparition du service au comptoir dans les municipalités du territoire, la Caisse Desjardins de l’Ouest de la Mauricie s’engage à soutenir financièrement un projet structurant dans les trois localités visées par cette décision. La Caisse offrira un montant de 25 000 $ pour un projet qui répond aux besoins de l’ensemble de la population. Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon