EPC Canada choisit Yamachiche

Un site d’entreposage et de transformation d’explosifs à Yamachiche

ÉCONOMIE. Une entreprise spécialisée dans la fabrication, l’entreposage et la distribution d’explosifs industriels dédiés, notamment, au secteur du forage-minage, dont les carrières, s’installe dans une sablière désaffectée de Yamachiche.

La compagnie EPC Canada, reconnue comme EPC Groupe ailleurs dans le monde, a récemment pris la décision de s’établir en Mauricie pour des raisons stratégiques.

Cette multinationale basée à Paris, en France, cumule 125 ans d’existence et emploie 2 000 employés. Son chiffre d’affaires frôle les 500 millions de dollars par année.

Pour cette entreprise étrangère, l’idée de s’implanter dans la région est née il y a un peu plus d’un an. «On cherchait un nouvel endroit pour s’installer. On retrouve beaucoup de sites d’explosifs sans nécessairement le savoir au Québec. On pense que c’est nouveau, mais il y en a énormément. Ce qui nous amène à Yamachiche, c’est vraiment la géographie. On souhaitait mieux positionner l’entreprise au Québec. Le port de Trois-Rivières, d’où notre matière première provient, est à proximité tout comme les principaux axes routiers. La Mauricie, c’est central pour nous», confie Pierre Poulin, responsable du développement des affaires chez EPC Canada.

Investissement majeur

Le projet que s’apprête à réaliser EPC Canada, dans lequel Investissement Québec est partenaire, représente un investissement de plusieurs millions de dollars. Il permettra la création de près de 50 emplois à Yamachiche et comprend le déménagement de son centre administratif de Montréal vers la Mauricie.

Cette entreprise souhaite d’ailleurs contribuer à la diversification de l’économie du territoire. «On sait que la région a connu quelques coups durs dans les dernières années. Le secteur des explosifs permet d’offrir des emplois bien rémunérés. On embauchera des gens de la région et c’est une priorité», ajoute M. Poulin.

L’analyse de différents sites au potentiel intéressant à travers la Mauricie a finalement conduit les dirigeants de l’entreprise à choisir un vaste espace situé dans un secteur isolé de Yamachiche.

C’est à cet endroit qu’EPC Canada fera l’entreposage de matière première, dont le nitrate d’ammonium à la base des explosifs, substance également utilisée par les producteurs agricoles.

«Quand on parle d’explosifs, les gens pensent souvent à la dynamite et que c’est automatiquement dangereux. Aujourd’hui, un explosif ce n’est pas juste de la dynamite. Cette matière qui sera entreposée et transformée à Yamachiche est considérée comme un explosif au Canada, mais pas aux États-Unis. On va l’entreposer et on va en faire un produit qui n’est pas un explosif. Ça va devenir explosif sur un chantier après la livraison et suite à différentes manipulations. Les gens ne doivent pas paniquer. Il y a un grand site d’entreposage de nitrate d’ammonium au centre-ville de Québec. Ça démontre à quel point ce n’est pas dangereux», fait remarquer Pierre Poulin.

EPC Canada assure qu’aucune détonation ne sera entendue et qu’aucun essai ne sera effectué sur son terrain. L’entreprise s’engage à respecter les lois en vigueur. Elle doit, entre autres, jongler avec des contraintes réglementaires, légales et environnementales très sévères. La compagnie est actuellement en attente d’obtenir tous les permis de Ressources naturelles Canada, de la Sûreté du Québec et du ministère de l’Environnement.

Le site choisi est sécurisé et sous haute surveillance. «Notre dossier est bien ficelé», souligne M. Poulin.

Photo Pier-Olivier Gagnon

Territoire et zonage

L’été dernier, la Municipalité de Yamachiche a adressé à la MRC de Maskinongé une demande de modification du Schéma d’aménagement et de développement révisé pour favoriser l’implantation de cette entreprise. Cette requête avait pour but d’autoriser la catégorie d’usages du groupe industriel lourd en affectation agroforestière sous certaines conditions.

Quant à elle, l’entreprise a fait une demande de modification de zonage pour l’installation de bâtiments sur le site. Sur ce point, la Commission de protection du territoire agricole du Québec devrait rendre une décision sous peu. Si tout se déroule comme prévu, les opérations d’EPC Canada devraient débuter le printemps prochain.

Une entreprise écoresponsable

EPC Canada prétend avoir à cœur l’environnement. Elle prône le développement durable et dès son implantation, elle a nettoyé le site où bon nombre de déchets avaient été volontairement abandonnés.

L’entreprise a aussi la ferme intention de revaloriser le site en plantant 20 000 arbres.

De plus, son usine préfabriquée qui sera bientôt assemblée sur place ne produira aucun rejet dans l’environnement.

«Nous serons autosuffisants et autonomes. Nous n’avons besoin d’aucun service municipal. On récupère pratiquement tout et il n’y a aucune émanation. Pour nous, l’environnement c’est une priorité. On veut être un exemple!»

L’arrivée de cette nouvelle entreprise ne devrait pas occasionner de problème particulier au niveau de l’achalandage, promet l’entreprise. «Comme nos produits sont livrés sur des chantiers ou dans les carrières, la livraison se fait généralement en fin de journée ou la nuit, à temps pour le début des opérations tôt le matin. Il n’y aura donc pas plus de circulation ou de bruit dans le secteur», affirme Pierre Poulin.

Sécurité

En matière de sécurité, Yamachiche n’a pas l’intention d’élaborer un plan d’intervention particulier en cas d’urgence. Le Service de sécurité incendie prévoit quand même effectuer une visite des lieux par mesure préventive. Le poste local de la Sûreté du Québec a aussi été informé des détails entourant ce projet.

De son côté, EPC Canada a l’obligation de respecter d’autres exigences en lien avec le transport d’explosifs. «On tient à rassurer les gens. S’il y avait eu le moindre risque pour quelqu’un ou pour notre municipalité, on n’aurait pas dit oui à ce projet. C’est sécuritaire et c’est un très beau projet économique pour notre milieu», signale Paul Carbonneau, maire de Yamachiche.

Le saviez-vous?
Chaque jour, environ deux millions de livres d’explosifs circulent sur les routes du Québec.

Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon