Ensemble, plus forts: le chemin de Lucie et Michael
COMPOSTELLE. Lucie -Carignan revient de -Compostelle avec le sentiment du devoir accompli. En lançant son projet -La -DÉ-MARCHE, elle s’était fixé trois objectifs : récolter 20 000 $ pour deux fondations, réaliser son rêve de marcher le célèbre pèlerinage et offrir des moments de bonheur à son fils -Michael, vivant avec la paraparésie spastique héréditaire. Tous ont été atteints.
Par Fatoumata Dapa
Partie le 30 juillet, Mme Carignan a parcouru plus de 800 kilomètres en 33 jours, avant de revenir le 5 septembre. Son initiative, qui consistait à “ vendre ” chaque kilomètre parcouru au coût de 25 $, a permis d’amasser 20 875 $. La somme a été remise à parts égales à la Fondation InterVal, qui soutient la réadaptation de personnes aux prises avec des handicaps, et à la Fondation PSH, qui finance la recherche menée notamment à l’Université McGill. “ J’ai ramassé 20 875 $ que j’ai remis aux deux fondations. Les trois objectifs ont été atteints. Je suis vraiment contente, parce que c’était un rêve que j’avais sur ma to-do list et je voulais aussi faire vivre des petits moments de bonheur à mon fils, comme aller voir des spectacles d’humour ”, explique-t-elle.
Un chemin de dépassement
Dès les premiers pas, l’émotion était au rendez-vous. “ Quand j’ai posé les pas, j’ai posé les pas pour des gens qui m’ont encouragée, qui m’ont aidée dans mon projet. J’avais de la fébrilité. C’était comme être dans un autre pays avec des gens différents. Mes pas, c’était comme pour les gens qui avaient soutenu la cause ”, raconte-t-elle.
Le parcours a offert son lot de défis. “ Ce qui m’a le plus surprise, c’est que c’est beaucoup, beaucoup de montagne. La première journée, on a fait 25 kilomètres dans les Pyrénées, ça montait tout le temps. Mais c’est extraordinaire, avec des paysages à couper le souffle ”, dit Mme Carignan.
Elle garde en mémoire des moments marquants, comme celui où elle a déposé trois petites pierres symboliques. “ J’avais une petite roche pour mon fils, une pour moi, une pour mon conjoint. À ce moment-là, j’ai dit : pour la maladie de mon fils, je n’ai pas de contrôle, mais j’ai le contrôle sur la situation, que le meilleur arrive. Ça a été un moment marquant. ”
L’arrivée à Saint-Jacques-de-Compostelle reste aussi gravée dans sa mémoire. “ Quand tu finis, que tu traverses la porte de Saint-Jacques, il y a un monsieur qui joue de la cornemuse. Ce son-là, parce que là, j’ai terminé… le 800 km était fait. Je ne le réalisais pas encore. ”
Une leçon de vie et d’entraide
Au fil des kilomètres, elle a vécu une entraide naturelle entre pèlerins de toutes nationalités. “ Même si tu ne parles pas la même langue, il y a une entraide. Tous ceux qui font Compostelle le font pour une raison. Il y a quelque chose qui se passe ”, observe-t-elle.
Cette démarche a aussi renforcé son rôle de proche aidante. “ Il faut prendre un temps d’arrêt. Ce n’est pas d’abandonner la personne que tu aides, c’est de reprendre des forces pour mieux accompagner. Si tu ne te déposes pas, tu n’y arriveras pas ”, affirme Mme Carignan.
Avec ce projet, elle retient surtout “ qu’avec un pas, on peut faire une différence. Si on croit à quelque chose, les gens nous appuient. Plus on est ensemble, plus on est fort. Il n’y a pas de hasard, que des rencontres ”, conclut-elle.
