Des vins d’ici dans nos épiceries

ÉCONOMIE. Très attendue, l’entrée en vigueur de la Loi sur le développement de l’industrie des boissons alcooliques artisanales représente une porte d’entrée sur les tablettes d’un immense marché pour les vignerons d’ici. Les vignobles de la région n’ont d’ailleurs pas perdu de temps puisque des ententes ont déjà été conclues avec des épiceries.

Jusqu’au 14 décembre dernier, la vente de vins québécois était confinée sur la propriété des producteurs eux-mêmes, dans quelques marchés publics, des magasins spécialisés, directement dans les restaurants puis, finalement, dans une petite section, pas toujours facile à identifier, de la Société des alcools du Québec.

«Pour les petits vignobles comme le nôtre, le projet de loi nous ouvre des débouchés sur un marché très intéressant», a lancé le président du Domaine & Vins Gélinas, Frédéric Gélinas. «Ça va nous permettre d’agrandir notre réseau de distribution, et ce, durant douze mois. Considérant que notre industrie est saisonnière, outre quatre mois par année où les visiteurs affluent au domaine, c’est plutôt difficile d’écouler nos produits le reste du temps.»

Dès les prochaines semaines, l’entreprise familiale de Saint-Sévère compte bien faire son entrée dans les épiceries. Le vignoble de la Mauricie a d’ailleurs reçu une commande de taille d’une bannière de supermarchés bien implantée dans la région.  

Voyant le projet de loi 88 arriver, Métro a entrepris des démarches auprès de plusieurs vignerons à travers la province. Une place de choix pour les produits du Domaine & Vins Gélinas a été réservée dans plus d’une trentaine de leurs adresses.

De côté du producteur, on affirme être impatient de se lancer. «Cela fait partie de nos plans depuis plus de deux ans. Nous produits se retrouvent déjà dans une soixantaine de restaurants», a lâché Frédéric Gélinas.

Le vignoble, qui a démarré ses activités en 2001, produit près de 40 000 bouteilles annuellement au nord du lac Saint-Pierre. La nouvelle mise en marché obligera toutefois l’entreprise à augmenter sa production, a souligné M. Gélinas, qui s’attend à voir le nombre de bouteilles doubler d’ici trois à quatre ans.

De nouvelles vignes ont déjà été plantées en conséquence, dont plus de 8000 cette saison. Au cours des prochaines années, le producteur a l’intention dans ajouter encore 50 000 autres sur leur vaste terrain. Graduellement, les plants vont produire le précieux raisin qui sera ensuite cueilli à la période des vendanges.

«Plus de plantations veut dire une plus grande production. Donc, ça va prendre davantage d’employés. L’entreprise va devoir grossir, ce qui va demander un certain investissement dans nos équipements», a indiqué le président du vignoble de Saint-Sévère.

Au total, ce sont quelque 8000 nouveaux points de vente potentiels qui s’ouvrent aux 125 vignobles de la province. En plus des vignerons, les producteurs de cidre, de boissons à base de petits fruits, de miel et d’érable auront aussi accès aux tablettes des épiceries et des dépanneurs sans un passage obligé par la SAQ.
Au total, ce sont quelque 8000 nouveaux points de vente potentiels qui s’ouvrent aux 125 vignobles de la province. En plus des vignerons, les producteurs de cidre, de boissons à base de petits fruits, de miel et d’érable auront aussi accès aux tablettes des épiceries et des dépanneurs sans un passage obligé par la SAQ.

Broue-pubs et distilleries artisanales

La loi 88 permet aussi désormais aux broue-pubs du Québec de vendre leurs produits sur les lieux de fabrication pour consommation dans un autre endroit. Ainsi, ils pourront offrir aux consommateurs les visitant d’apporter avec eux leurs bières afin de les déguster à la maison. Toutefois, cette nouvelle loi n’apporte aucun nouvel avantage à la Distillerie Mariana de Louiseville. L’entreprise remarque que les gens souhaiteraient acheter les spiritueux sur le lieu de production, dans les marchés publics, les festivals et les expositions, mais le seul permis accordé aux distilleries ne le permet pas. «La demande est là! Présentement, il y a un seul permis et c’est celui de distillateur industriel. Ça prendrait une modification ou l’ajout d’un autre permis pour pouvoir vendre sur place. Ça n’empêcherait pas de vendre à la SAQ aussi. Cette nouvelle loi touche pas mal juste les vignobles, malheureusement!». 

«Une excellente nouvelle pour les producteurs de notre région»

Le député de Maskinongé, Marc H. Plante, accueille avec satisfaction et enthousiasme l’entrée en vigueur du projet de loi 88. La nouvelle législation, soutient-il, permettra aux producteurs de se développer à la mesure de leur grand potentiel.

«La Mauricie, comme plusieurs régions du Québec, compte un grand nombre d’artisans créatifs qui offrent des produits distinctifs de très grande qualité et nous sommes déterminés à les appuyer. C’est une très bonne nouvelle tant pour les vignerons, cidriculteurs, brasseurs, distillateurs et autres producteurs de boissons alcooliques artisanales que pour les consommateurs qui pourront découvrir plus facilement les alcools québécois», a déclaré le député par voie de communiqué.

(Avec la collaboration de Pier-Olivier Gagnon)