CSSS de Saint-Paulin : une pionnière tire sa révérence

Une page d’histoire a été tournée la semaine dernière dans la municipalité de Saint-Paulin alors qu’une pionnière du CSSS du village a tiré sa révérence après 26 ans de service. À la demande de son entourage, l’infirmière Suzie Julien Frappier a accepté de s’entretenir avec l’Écho de Maskinongé. Nous vous proposons donc un petit retour dans le temps parsemé d’anecdotes et de belles rencontres.

C’est en décembre 1986 que le travail professionnel de Mme J. Frappier débute dans la MRC de Maskinongé. À l’époque, c’est le CLSC Valentine-Lupien qui l’embauche afin qu’elle se joigne à l’équipe des soins à domicile de Louiseville. À peine deux ans plus tard, elle se voit confier une importante tâche : celle de créer un service de santé courant pour desservir les habitants de Saint-Paulin et des villages avoisinants.

«Je cumulais déjà onze ans d’expérience dans différentes spécialités au centre hospitalier Régional de la Mauricie de Shawinigan-Sud quand on m’a donné pour mission de créer ce service, raconte-t-elle. Il n’y avait rien de comparable dans le comté de Maskinongé, alors tout était à penser. Nous avions des locaux, mais aucune structure organisationnelle pour ce type de service. Ça a été un beau grand défi; j’étais très fière de bâtir un service courant offrant des soins médicaux et infirmiers, les plus accessibles possible selon nos ressources, pour toute une population.»

Cette grande aventure a débuté à Saint-Alexis-des-Monts, sur la rue Saint-Olivier, où étaient situés les locaux de ce nouveau point de services. «J’y suis restée quelques mois avant d’être transférée à Saint-Paulin, mentionne Mme J. Frappier. Les nouveaux locaux avaient été aménagés dans le sous-sol d’une habitation à loyers modiques (HLM) pour les personnes âgées.»

C’est à l’automne 1989 que les services déménagent de nouveau, mais cette fois pour de bon. «C’est l’ancienne école primaire de Saint-Paulin, l’Externat, qui avait été restaurée, raconte Suzie Julien Frappier. Depuis, nos services ont toujours été offerts au même endroit.»

Du pain sur la planche

Les mois qui ont suivi sa nomination, en tant qu’infirmière responsable du service de santé courant de Saint-Paulin, ont été mouvementés. Seule pour mener à bien cette opération, Mme J. Frappier a d’abord eu l’idée de s’inspirer de l’un des rares établissements offrant des services similaires, soit le CLSC de Saint-Tite.

«J’ai demandé quelques jours de formation à Saint-Tite pour voir comment le service était structuré. J’ai eu beaucoup de support des infirmières en place ainsi qu’un accueil des plus chaleureux», se souvient l’infirmière.

Faisant preuve de débrouillardise, elle a collecté conseils et informations afin de bien documenter son projet. L’informatique n’étant pas encore implantée à ce moment dans le milieu de la santé, les livres ont été pour elle une vraie petite mine d’or. C’est ainsi qu’elle a développé avec le temps une expertise pour ce type de services à la clientèle.

De semaine en semaine, son projet a grandi et a pris forme. Après plusieurs mois de travail, elle est parvenue à mettre sur pied un service médical et infirmier avec et sans rendez-vous. «On a fonctionné comme ça pendant plusieurs années, mentionne-t-elle. L’équipe des services courants était formée d’une secrétaire à l’accueil, d’une infirmière (elle-même) et d’un à deux médecins, selon les années.»

Désormais, le point de services de Saint-Paulin se consacre à la médecine familiale avec rendez-vous. Des prélèvements sanguins, des électrocardiogrammes au repos, des injections, des pansements et divers traitements y sont faits. De plus, un suivi est assuré auprès des personnes atteintes d’une maladie chronique, telle que le diabète, l’hypertension, la dyslipidémie et les maladies pulmonaires obstructives chroniques.

«Les responsabilités de l’infirmière ont beaucoup progressé depuis 26 ans, remarque Suzie Julien Frappier. Maintenant, notre rôle est mieux défini au sein de l’équipe multidisciplinaire. Les gens bénéficient d’une évaluation, d’informations, de sensibilisation et d’un plan de traitement. Tout ça en partenariat avec le patient.»

De belles rencontres

En 26 ans, Mme J. Frappier a eu la chance de faire la connaissance de bon nombre de citoyens et de tisser de beaux liens avec ceux-ci. De fil en aiguille, les gens ont appris à la connaître et lui ont accordé leur confiance.

«De mon côté, je leur ai offert une certaine constance au niveau de ma présence, confie l’infirmière. L’équipe de travail a beaucoup changé avec les années, mais je suis la seule à être restée depuis le début. Je crois que c’était rassurant pour les patients de connaître l’infirmière qui était là pour les accueillir.»

«Je suis heureuse d’avoir accompagné les gens dans leur problématique de santé. Je me considère privilégiée d’avoir été leur confidente. J’ai donné beaucoup, mais j’ai reçu tout autant. Je garderai de très bons souvenirs des gens que j’ai côtoyés tout au long de ma carrière. Mon voeu le plus cher, c’est qu’ils continuent de se conscientiser face à leurs habitudes de vie pour s’assurer la meilleure qualité de vie possible», conclut Suzie Julien Frappier.