Cruauté animale au zoo de St-Édouard: Normand Trahan comparaît

SAINT-ÉDOUARD-DE-MASKINONGÉ. À la suite d’une enquête criminelle menée au cours des derniers mois, les agents de protection animale de la SPCA de Montréal ont procédé, avec l’assistance de la Sûreté du Québec, ce mardi 21 mai, à l’arrestation de Normand Trahan, propriétaire du Zoo de Saint-Édouard-de-Maskinongé depuis 30 ans.

M. Trahan a comparu au palais de justice de Trois-Rivières le jour même avant d’être remis en liberté. Il a fait face à des accusations criminelles de cruauté et de négligence envers les animaux.

Les faits reprochés remontent entre le 1er mai 2016 et le 31 octobre 2018. Le propriétaire du Zoo de Saint-Édouard aurait volontairement causé à des animaux et à des oiseaux gardés en captivité une douleur, de la souffrance et des blessures sans nécessité, et aurait volontairement négligé ou omis de leur fournir des aliments, de l’eau, un abri ou des soins convenables et suffisants.

Des signalements provenant des visiteurs de ce zoo sont à l’origine de cette enquête criminelle.

Opération complexe

Le Zoo de Saint-Édouard-de-Maskinongé contient plus d’une centaine d’animaux qui font actuellement l’objet d’une saisie. On parle notamment de lions, tigres, zèbres, ours, loups, kangourous et primates. Parmi eux, des dizaines d’animaux nécessiteraient des soins vétérinaires, mais aucun animal ne serait en danger ou ne devrait être euthanasié.

Étant donné l’ampleur et la complexité de l’opération qui se déroulera sur une période de plusieurs semaines, la SPCA de Montréal a recours à l’organisme Humane Society International (HSI), spécialisé dans les opérations de sauvetage animal de masse.

HSI se chargera de tous les soins prodigués aux animaux sur les lieux, ainsi que du transport et du placement de tous les animaux sauvages et exotiques saisis vers d’autres sites d’hébergement en Amérique du Nord.

«Nous allons faire l’inventaire complet des animaux, évaluer leur état de santé et documenter l’état des lieux. Cette perquisition menée aujourd’hui nous permet aussi d’obtenir des éléments de preuve pour l’enquête», indique Me Sophie Gaillard, directrice de la défense des animaux de la SPCA de Montréal.

C’est d’ailleurs la deuxième fois que la SPCA de Montréal se présentait sur place mardi. Un premier mandat de perquisition exécuté en octobre 2018 avait permis de saisir deux alpagas en mauvais état et quatre cadavres d’animaux, dont deux tigres et deux oiseaux.

Une première au pays

En point de presse, la directrice de la défense des animaux de la SPCA de Montréal a indiqué qu’il s’agissait d’une situation unique à travers le pays.

«À notre connaissance, c’est la première fois au Canada qu’un propriétaire de zoo est accusé de cruauté animale criminelle. C’est également la première fois dans l’histoire du Québec qu’une poursuite pour cruauté animale est intentée par acte criminel, une méthode de poursuite réservée pour les infractions les plus graves et qui ouvre la porte à des peines beaucoup plus sévères», précise-t-elle.

L’accusé est passible d’une peine d’emprisonnement de 5 ans, ainsi que d’une interdiction d’avoir la garde ou le contrôle d’un animal à perpétuité. Il doit revenir en cour le 21 juin prochain.

Le Zoo de Saint-Édouard-de-Maskinongé était en vente depuis plusieurs années. Le propriétaire, Normand Trahan souhaitait prendre sa retraite, mais n’était pas parvenu à compléter une transaction avec les acheteurs qui se sont manifestés ces dernières années.

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