Crise de la pyrrhotite : «2020 doit être l’année d’un virage majeur»

La Coalition d’aide aux victimes de la pyrrhotite (CAVP) est au cœur de la lutte contre ce fléau qui affecte des milliers de propriétés dans la région depuis une dizaine d’années. L’année 2020 devra être une année charnière dans la lutte contre la pyrrhotite, soutient Michel Lemay, vice-président et cofondateur de la Coalition d’aide aux victimes de la pyrrhotite (CAVP).

«On ne veut pas encore passer 10 ans sur la crise. 2020 doit être l’année d’un virage majeur. On est tanné que le dossier repose sur nos épaules. Ce sont nous, les victimes, qui gérons la crise. Ça n’a plus de sens. C’est au gouvernement de le faire. Ça passe ou ça casse», plaide-t-il.

La CAVP ne souhaite plus agir à titre de premier répondant ou de sécurité civile à la place des gouvernements dans ce dossier.

«On reçoit de l’aide du gouvernement, oui, mais l’aide actuelle et la rapidité sont insuffOKisantes. Il faut que ça change. Il faut que les victimes, les municipalités, les chambres de commerce, les agences immobilières, les institutions financières se lèvent cette année pour appuyer les démarches de la CAVP et fassent connaître leurs attentes envers les gouvernements. Il faut que 2020 soit aussi un tournant pour la Coalition et le rôle qu’elle joue depuis plus de dix ans. Il faut que ça bouge», ajoute M. Lemay.

«C’est inhumain de dire aux victimes d’attendre 10 ans de plus»

– Michel Lemay

En ce sens, la création d’un comité de travail qui réunit, à la même table, un représentant du gouvernement du Québec, une représentante du gouvernement du Canada et les porte-paroles de la Coalition d’aide aux victimes de la pyrrhotite s’avère une première étape encourageante.

C’est la première fois que les trois parties sont assises à une même table pour trouver des solutions pour soutenir les victimes de la pyrrhotite. La première rencontre du comité a eu lieu le 3 février dernier, une rencontre qualifiée de «satisfaisante» par la CAVP.

Ce premier rendez-vous rencontre visait à présenter un portrait global des enjeux et des demandes de la CAVP aux deux paliers de gouvernement, représentés par Simon Allaire, député de Maskinongé, et Catherine Deschênes, directrice du bureau de comté du député François-Philippe Champagne, et d’en mesurer l’avancement.

«Il a été permis d’apprendre que certains enjeux ont déjà cheminé de manière favorable, ce qui permettra fort probablement d’officialiser certaines annonces d’ici la prochaine rencontre du comité prévue le 25 février. On sent la volonté d’avancer dans le dossier», précise la CAVP.

Parmi les enjeux soulevés lors de la rencontre, mentionnons l’aide financière requise qui serait de l’ordre de 305 millions $, l’implication réelle des paliers de gouvernement pour trouver des solutions à cette crise, que les gouvernements financent les tests de pyrrhotite manquants et une aide financière mieux adaptée en ce qui concerne les condos et les maisons jumelées, puisque l’aide plafonne à 75 000$, même dans le cas d’un immeuble de plusieurs condos.

D’ailleurs, la Coalition d’aide aux victimes de la pyrrhotite demande que l’amende de 280 millions$ imposée à SNC-Lavalin dans la poursuite pour fraude impliquant l’entreprise et la Libye soit remise aux victimes de la pyrrhotite en Mauricie. SNC-Lavalin avait déjà été identifiée comme responsable à 70% du problème de la pyrrhotite dans la région.

Il faut dire que l’organisme attend aussi avec grande impatience le jugement dans l’appel du premier procès des victimes de la pyrrhotite. Le jugement devait initialement être rendu avant les Fêtes, mais la complexité du dossier a forcé le juge à reporter sa décision à 2020.

«Le procès est un enjeu majeur. C’est le premier, mais on est déjà rendu à quatre vagues de réclamation de dossiers, mais le jugement de l’appel se fait toujours attendre, 10 ans plus tard. C’est inhumain de dire aux victimes d’attendre 10 ans de plus», souligne Michel Lemay.

«D’autres victimes attendent depuis huit ans que ce soit leur tour», précise Yvon Héroux, trésorier de la CAVP.

Encore 3500 résidences à tester

Plus que jamais, la Coalition continue de sensibiliser les propriétaires dont la résidence a été construite entre 1996 et 2008 et qui n’ont toujours pas fait le test de pyrrhotite.

«Personne n’a le portrait officiel. On suppose que près de 8000 propriétés sont à risque. Pour l’instant, 4000 tests ont été effectués et il reste au moins 3500 propriétés à tester. Ce sont 65% des gens qui se font dire qu’il n’y a pas de pyrrhotite. Mais si on ne fait rien et qu’il y en a dans les fondations, la maison perd de la valeur. C’est important de faire le test. La Coalition et l’aide du gouvernement ne seront pas éternelles…», conclut M. Lemay.