Une saison à oublier pour l’Érablière Ladouceur

COVID-19. Alors que les érables commençaient à peine à couler et que les gens s’apprêtaient à se réunir pour déguster un bon repas de cabane à sucre, les érablières commerciales ont été contraintes de fermer temporairement leurs portes à la demande du gouvernement pour limiter la propagation de la COVID-19.

Cette décision porte un dur coup à ces entreprises saisonnières qui entraient dans leur période la plus importante de l’année.

À Saint-Justin, le cahier de réservations de l’Érablière Ladouceur affichait presque complet au moment où les propriétaires ont annoncé la fermeture de leur établissement. «C’est décevant, mais on n’a pas le choix», lance Stéphane Ladouceur, propriétaire. «La vie des gens c’est plus important que d’aller manger à la cabane à sucre», confie-t-il.

L’Érablière Ladouceur est en opération depuis 1957. C’est la première fois que la salle à manger et que le stationnement sont déserts à cette période-ci de l’année. «Ça fait curieux de voir ça une cabane vide en pleine saison des sucres. C’est du jamais vu!», exprime M. Ladouceur.

Ce dernier prévoyait accueillir plus de 7000 clients d’ici la fin du mois d’avril. Ce ne sont finalement que 660 personnes qui auront visité l’établissement en début de saison. «On avait un bon printemps en vue, mais malheureusement la saison des sucres ne sera pas ce qu’on avait prévu. Juste avant de fermer, les clients avaient déjà commencé à nous appeler pour annuler des réservations alors que d’autres n’avisaient pas et ne se présentaient tout simplement pas», rapporte-t-il.

Pertes importantes

Avec près de 4000 entailles, l’Érablière Ladouceur est l’une des rares cabanes à sucre commerciales toujours actives dans la région. Sa capacité d’accueil est d’environ 240 personnes. Les propriétaires, représentant la troisième génération de l’entreprise familiale, ont investi plus de 300 000$ dans l’amélioration des installations, l’achat d’équipements et l’agrandissement de la bâtisse au cours des trois dernières années.

Cette fermeture imprévisible leur fait donc encore plus mal, eux qui devront patienter un peu plus longtemps avant de rentabiliser leurs investissements. «Ça engendre des pertes financières. Ce sont des revenus en moins qu’on n’aura pas. On estime ça à plusieurs milliers de dollars. Les gens qui venaient chez nous achetaient aussi des produits d’érable avant de partir. Ça reste que ces produits-là, c’est du luxe! Avec les pertes d’emplois, les gens n’auront peut-être plus les moyens de s’en acheter. Ils vont garder leur argent pour les choses essentielles. Une chance qu’on a l’agriculture pour s’en sortir», avoue Stéphane Ladouceur.

Vente de produits

Afin d’écouler la nourriture entreposée pour les repas traditionnels qui devaient être servis, la famille Ladouceur a décidé de préparer différents plats pour les vendre sur commande. «Notre chambre froide était pleine. On ne voulait pas avoir des pertes alimentaires en plus. On a affiché sur les réseaux sociaux ce qui était disponible et les gens ont commandé ce qui les intéressait. On a pas mal réussi à tout écouler. Les clients ont fait leur petite contribution et on les remercie», souligne l’acériculteur.

En attendant de voir si elle pourra profiter d’une aide financière du gouvernement, l’Érablière Ladouceur cuisine toujours certains produits pour sa clientèle. «Après réflexion, on a décidé de continuer à préparer des recettes pour le bonheur de nos clients dans cette période plutôt difficile. On a mis en place des mesures pour éviter le plus possible les contacts avec les gens. Ils peuvent commander par téléphone et lorsqu’ils passent prendre leur commande on leur demande de mettre l’argent dans une enveloppe avec le montant exact. Au niveau des produits d’érable, ils seront disponibles tout au long de l’année. On aura des réserves», informe Mélissa Ladouceur, rappelant au passage l’importance de l’achat local.

Les Ladouceur évaluent actuellement la possibilité d’ouvrir en mai ou en juin pour ceux et celles qui voudront se rassembler ou célébrer en familles, si le gouvernement le permet, bien sûr! «Elles sont rares les cabanes en plein bois où l’accès est facile. Les gens décrochent quand ils viennent ici. C’est tranquille. On pourrait rendre disponible notre salle et offrir quand même des repas de cabane. Ça va dépendre de l’évolution de la situation et de l’intérêt des gens», analyse Stéphane Ladouceur.