La Grande Bataille contre… la COVID-19

MÉDIÉVAL. Sous l’impulsion de six entreprises, dont le Duché de Bicolline (Saint-Mathieu-du-Parc) et Les Ateliers Némésis (Saint-Élie-de-Caxton), le monde de l’imaginaire et du fantastique s’est mobilisé pour faire face à la COVID-19 en lançant au début du mois de mai un mouvement de solidarité inspiré par Le Panier Bleu du gouvernement du Québec.

La campagne La Charrette Jeu  regroupe jusqu’ici une quarantaine d’entreprises et événements reliés à l’industrie québécoise du Grandeur Nature (GN). Certificats cadeaux, abonnements de saison, cartes de membres, articles divers, commandes spéciales peuvent être acquis en ligne même si de toute évidence, la saison 2020 est d’ores et déjà à inscrire à l’encre rouge.

«La communauté qui gravite autour des jeux de rôle est très soudée, explique Olivier Renard, fondateur du Duché de Bicolline. Comme les artisans de l’imaginaire sont au repos forcé depuis près de trois mois, le moindre geste est important. Quelqu’un qui achète une épée, qui commande sa paire de bottes, qui prend un abonnement, ce sont tous des petits gestes qui vont nous aider à passer à travers la tempête.»

Olivier Renard ne s’en cache pas, la Grande Bataille qui se tient chaque année en août sur le site de Saint-Mathieu-du-Parc, et dont la 25e édition devait avoir lieu cet été, n’est rien à côté de la bataille contre les effets dévastateurs de la COVID-19. «À la base même, nos activités reposent sur le rassemblement de personnes. Alors quand survient la consigne de distanciation sociale de 2 mètres, ça nous touche de plein fouet.»

Un plan de contrôle des dépenses

La Grande Bataille, qui réunit quelque 4000 participants, représente environ 60% des revenus du Duché de Bicolline. Son annulation est catastrophique pour les finances de l’organisation. «Nous avons immédiatement mis en place en mars un plan sérieux avec nos comptables. Les institutions financières ont été contactées et nos quatorze employés ont été mis à pied. Notre plan est étalé jusqu’en avril 2021 où on ne prévoit presque aucune entrée d’argent», laisse tomber Olivier Renard.

Est-ce que la survie de l’attraction est en péril? «Tout dépend de combien de temps va durer la crise. Mais on a aucune inquiétude sur le fait qu’on peut compter sur une communauté très forte qui sera au rendez-vous le moment venu», s’encourage le fondateur.

Outre la Grande Bataille, le Duché de Bicolline pouvait compter sur d’autres sources de revenus comme les camps d’été médiévaux, de plus en plus populaires; les 5 à 7 à l’auberge; les soirées tavernes qui réunissaient de 100 à 200 personnes; les campagnes qui étaient en quelque sorte des Grandes Batailles en modèle réduit, etc.

«Tout ça est à l’eau, mais on se penche actuellement sur des activités que nous pourrions mettre en place et qui respecteraient les consignes de la santé publique. On a par exemple un superbe terrain avec une géographie riche. Il y a beaucoup de gens qui sont curieux de voir ce qu’il y a sur le site. Les familles pourraient par exemple venir prendre une marche au crépuscule alors que le terrain est illuminé par des lanternes», réfléchit à voix haute Olivier Renard.

Autre aspect à régler: l’accès au site pour la centaine de personnes qui ont des cessions, c’est-à-dire des bâtiments leur appartenant. «Pour le moment, aucune visite n’est permise, mais on est à évaluer tout ça. Notre cas est particulier car nous sommes sur un terrain privé qui pourrait ressembler à du camping, mais en même temps, les cessions sont aussi comme quelqu’un qui possède un chalet», termine Olivier Renard bien confiant de sortir grandi de cette grande bataille différente des 24 précédentes….