Choisir le bonheur, la gentillesse, la compassion

Quand la pandémie de COVID-19 a frappé en mars 2020, le clown humanitaire Guillaume Vermette venait à peine de déposer son sac à dos au Québec, après des années à œuvrer auprès de réfugiés dans des camps.

«J’ai toujours su que ma grande passion, c’est les humains. Je m’en suis vraiment rendu compte quand on m’a coupé ces contacts, confie-t-il. Avec une jasette pendant quelques minutes devant le dépanneur me faisait du bien. Ça vient rappeler à quel point c’est important. J’espère qu’on va se rappeler de prendre soin des contacts humains. Prenons soin de nous et de nos proches.»

Le travail de Guillaume Vermette consiste à rencontrer des gens, que ce soit par le biais de conférences ou d’interventions dans le cadre de ses activités de clown thérapeutique. Avec le confinement, la grande majorité de ces activités se sont retrouvées annulées.

«Un peu comme ce fut le cas pour beaucoup de gens, j’ai vécu plusieurs étapes de hauts et de bas, un peu à la manière des phases du deuil. Je suis rendu à l’acceptation de ce qui se passe. Par exemple, autant que je détestais les conférences par webcam parce que je ne pouvais pas créer de contacts directs, autant que je suis heureux de voir des humains maintenant, même en virtuel. J’en retire quelque chose et j’essaie d’inspirer les gens», commente-t-il.

«C’est rendu normal de donner des conférences via une webcam et on est de plus en plus habitué à naviguer dans les mesures sanitaires. Les collaborateurs sont aussi plus prêts à nous accueillir dans les mesures

Il a également trouvé difficile de se retrouver loin des camps de réfugiés en ces temps particuliers. «Je me suis tenu loin des nouvelles sur les camps de réfugiés syriens où j’allais parce que les nouvelles étaient mauvaises et ça me fait mal. J’ai récemment pris des nouvelles de la Russie et de la Birmanie dans le contexte géopolitique actuel et le coup d’état survenu en Birmanie où la situation était déjà complexe. Je reçois des opinions de plein de gens différents sur le terrain. Les nouvelles qui se rendent à nous, c’est seulement une petite portion de la réalité», raconte le Trifluvien.

Se remettre en question

Guillaume Vermette souhaite que la prochaine année soit empreinte de bienveillance.

«Parfois, je souligne que je reçois des messages pas gentils sur ma page Facebook. Je suis un clown gentil qui fait sourire les gens et je reçois aussi des messages d’insulte. Imaginez un militant qui s’indigne contre des injustices! Ça fesse en ce moment sur les médias sociaux. Je ne sais pas si ça a empiré avec la pandémie, mais ça fait quelques années que je trouve que c’est très polarisé sur les médias sociaux. C’est souvent violent dans les conversations», note-t-il.

«Il y a une variable importante liée au bonheur et c’est la qualité de nos relations humaines, plaide le clown humanitaire. Beaucoup de gens ont une vision simpliste de ce que je fais. On m’imagine jongler avec 17 balles et faire des sauts périlleux devant 8000 enfants. Pourtant, à 99% du temps, mon métier est d’être là, assis à côté d’une dame qui ne va pas bien à l’hôpital, lui tenir la main et l’écouter. Je pense que c’est pertinent de le faire partout, de choisir le bonheur, la gentillesse, la compassion.»

«Je considère que l’être humain est un animal qu’on dit tribal, de communauté, qui se définit à travers le regard des autres et la qualité de ses connexions avec les autres. Un sourire, une discussion, un rire, se sentir écouté : ça peut changer une vie, assure-t-il. La situation actuelle est aussi une opportunité de se remettre en question, trouver un meilleur équilibre dans nos vies.»

«Il y a beaucoup de sujets de débats de société qui sont très polarisés en ce moment. La pandémie est peut-être venue accentuer tout ça. Je nous souhaite d’être capables de nous parler», conclut-il.