Citoyens et élus mobilisés contre les projets miniers

MINES.   Déterminés à contrer les plans de promoteurs qui ont enregistré des claims sur leur territoire, des groupes réunissant des citoyens et des élus des municipalités de Saint-Mathieu-du-Parc, Saint-Élie-de-Caxton et Saint-Boniface entendent faire pression sur le gouvernement Legault afin que la Loi sur les mines datant de 1880 soit modernisée et tienne davantage compte de l’acceptabilité sociale.

Sollicitant une invitation de Gilbert Guérin, fondateur du groupe Creuse pas dans mon Caxton, le chef de Québec Solidaire et la députée de Verdun, Gabriel Nadeau-Dubois et Alejandra Zaga Mendèz, ont parcouru le 8 mai dernier quelques-uns des sites ciblés par les promoteurs miniers dans la région.

Porte-parole de Québec Solidaire en matière de ressources naturelles et de forêts, Alejandra Zaga Mendèz a souligné que son parti avait déposé un projet de loi pour que les citoyens et les élus locaux aient un mot à dire sur le développement de leur région. « On demande deux choses : avoir un moratoire sur les claims miniers au Québec en attendant la révision de la loi et donner des outils aux municipalités. Il faut arrêter que la Loi sur les mines ait préséance sur les schémas d’aménagement. »

Depuis deux ans, le Québec affiche une augmentation de 65% des enregistrements des claims miniers, ce qui fait que présentement, 10% du territoire de la province est  »réservé » par des promoteurs. Devant l’inquiétude croissante des citoyens, le ministère des Ressources naturelles du Québec a signalé son intention au début du mois de mai d’accorder à la MRC de Maskinongé un TIAM (Territoire incompatible avec l’activité minière) temporaire, un certificat qui empêche l’enregistrement de nouveaux claims.

Un baume temporaire qui ne satisfait pas Gilbert Guérin. « Deux fois sur trois, le gouvernement repasse en arrière et retire les TIAM », regrette le citoyen de Saint-Élie-de-Caxton qui a été l’un des premiers à monter aux barricades.

En accédant sur des cartes interactives du site web du ministère des Ressources naturelles, le fondateur de Creuse pas mon Caxton a notamment découvert que des claims ont été enregistrés sur des sites touristiques aussi importants que Le Baluchon, à Saint-Paulin, et Bicolline, à Saint-Mathieu-du-Parc. « Une partie des terres de la Ferme Lampron à Saint-Boniface, qui compte sept générations d’agriculteurs, est également ciblée par les prospecteurs », souligne-t-il.

La situation est telle que plusieurs citoyens de la région, comme Fred Pellerin à Saint-Élie-de-Caxton ou la famille Lemieux, au lac des Neiges à Sainte-Flore, ont également enregistré des claims afin de protéger leur propriété des promoteurs miniers. Un résident de Saint-Mathieu-du-Parc, Yvan Lafontaine, en a enregistré une douzaine tout comme des riverains du lac Long, à Saint-Élie-de-Caxton.

Lincoln Gold Mining

Actuellement, des claims ont été enregistrés à Saint-Élie-de-Caxton (49), Saint-Mathieu-du-Parc (38), Saint-Boniface, Charette, Saint-Paulin et dans le secteur Saint-Gérard-des-Laurentides, à Shawinigan.  Dans ce dernier endroit, le projet appelé Shawinigan Project est piloté par Lincoln Gold Mining, une compagnie minière de Colombie-Britannique.

Soixante et un claims y sont réservés avec une option sur 21 autres appartenant à d’autres promoteurs. Le site correspond à un terrain de 14 km carrés acquis à l’automne 2021 par l’homme d’affaires Marc Saulnier qui s’était fait remarquer par les coupes de bois massives qu’il y a effectuées. Il serait question d’y extraire du nickel qui serait ensuite acheminé à Sudbury en Ontario pour y être traité. Une ligne de chemin de fer passe tout juste à proximité du site.

Selon Gilbert Guérin, les autres claims inscrits dans la région appartiennent majoritairement à un géologue de Pointe-Claire, Jonathan Marleau, qui serait affilié avec une compagnie d’exploration minière de l’Alberta, et Prodier Ltée, une compagnie d’extraction minière basée à Saint-Augustin-de-Desmaures, en banlieue de Québec.

Qu’est-ce qu’un claim?

Il faut savoir que le sous-sol du terrain dont vous êtes propriétaire appartient en fait au gouvernement qui peut le céder à des entreprises d’exploration minière. C’est ce que fait un claim qui accorde à son détenteur un droit exclusif de faire de l’exploration ministère sur un terrain. D’une superficie de 160 000 mètres carrés, un claim est d’une durée de trois ans (deux ans avant la Covid) pendant lesquels son détenteur s’engage à investir au moins 500$ pour entreprendre des travaux d’exploration. Au bout de trois ans, si aucun travaux n’a été entrepris, le détenteur du droit voit passer cet investissement minimal à 1200$, sans quoi les droits du claim lui seront retirés. Un claim peut être enregistré en ligne sur le site du ministère des Ressources naturelles et des Forêts au coût de 73,25$.