Changement de garde au Parc des Chutes
C’est ému et de son propre aveu nerveux que le président du conseil d’administration (CA) du Parc des chutes, Michel St-Yves, a annoncé sa démission lors de l’Assemblée générale annuelle (AGA) qui avait lieu hier au parc des chutes. M. St-Yves a également dévoilé à l’assistance six autres lettres d’administrateurs, signifiant leur démission, ou leur intention de ne pas se présenter pour le prochain mandat.
Lors de la période de questions, suivant le rapport du président, M. St-Yves a fait savoir à l’assemblée que des neufs administrateurs actuellement en poste, sept ne reviendraient pas, en plus du siège déjà vacant.
À ce moment, un membre du comité de sauvegarde, un comité de contestation formé l’été dernier pour faire blocus à l’implantation d’une mini-centrale hydroélectrique, René Boulanger, a interpelé M. St-Yves.
«Le temps est venu autant que possible de fumer le calumet de la paix», a-t-il convenu.
«Le calumet de la paix… il a emmené la démission de Charles Lambert, de Marc Lessard, de Céline Bastien, d’André Bélanger et de Marcel Branchault. Donc, je suis content de voir qu’il y a beaucoup de monde à l’assemblée aujourd’hui. Maintenant, il y a de la place disponible et j’espère que les gens vont s’impliquer pour assurer la relève», a répondu le président sortant.
Le contraste était effectivement flagrant si on compare à l’an dernier. 54 personnes s’étaient présentées à l’AGA comparativement à 11.
Place à la relève
Le nouveau président, Patrick Lavoie, était membre du comité de sauvegarde. Il a avoué que la démission massive de l’ancien CA n’était pas souhaitée par le comité de sauvegarde. Il se dit prêt à relever le défi colossal qui s’impose.
«Ça ne fait pas longtemps que je suis arrivé ici à Ste-Ursule. Pour moi, les chutes, ç’a été un coup de coeur. Je suis un amant de la nature depuis toujours. On sait tous ce qui s’est passé cette année, une année charnière. On a eu beaucoup d’inquiétudes, parce que la mini-centrale ne faisait pas l’affaire de tous. Donc, on a senti le besoin de s’impliquer», a mentionné M. Lavoie.
Le nouveau président sera secondé par une personnalité connue du public. Julien Mineau, le chanteur du groupe de renommée internationale Malajube, a accepté le poste de vice-président du CA.
Avant même la première réunion, le président, lui aussi, membre du milieu artistique, envisageait la possibilité de présenter des spectacles sur le site pour alimenter le Parc des chutes.
Pour sa part, l’ancien CA avait travaillé d’arrache-pied afin de mettre en oeuvre le projet Le goût de l‘eau, destiné à attirer le public dans le parc.
Dans son rapport, M. St-Yves a également livré un aperçu du labeur qui attendait le nouveau CA: «Le belvédère qui offre une vue spectaculaire aux touristes devra être barricadé, car il nous semble dangereux. De nombreuses marches gagneraient aussi à être complètement changées et nos sentiers sont de plus en plus envahis par les branches et les racines. Que dire des chalets qui doivent être rénovés et décorés au goût du jour. Nous sommes cependant parvenus à régler notre problème en ce qui a trait à l’eau potable des chalets.»
Suite à cela, le président sortant a voulu démontrer sa bonne foi et s’est montré disposé à aider le nouveau CA à faire le pont avec l‘ancien.
Point de vue du maire
Le premier magistrat de Ste-Ursule, Réjean Carle, assistait à l’AGA. Il a tenu à rassurer le CA récemment formé, en lui offrant l’appui de la municipalité, mais sous certaines réserves.
«La municipalité va toujours appuyer le Parc des chutes dans la mesure de ce qu’elle peut faire. Maintenant, on va voir comment ça va aller, parce que les citoyens nous disent toujours qu’ils ne veulent pas d’augmentation de taxes. Au cours des dernières années, on a eu des surplus, mais on ne peut pas toujours prendre l’argent des surplus pour le mettre là», a-t-il expliqué.
Les gens qui ont à coeur le Parc des chutes auront l’occasion de le démontrer le dimanche 6 mai prochain alors qu’une corvée est prévue entre 9h et 15h.
«Apporter votre lunch et vos râteaux», clamait le nouvel agent de développement du Parc des chutes, Mario Paillé, avec la bonhommie qu’on lui connaît.
Une année de bouleversement
Rappelons que l’avènement probable d’une mini-centrale hydroélectrique au parc avait soulevé un tollé dans la petite municipalité de Ste-Ursule, qui était divisée à cet égard. Le CA du Parc des chutes s’était rangé derrière la proposition des élus qui croyaient que, pour en assurer la pérennité, une mini-centrale et l’argent apporté par celle-ci seraient sauveurs pour sa survie. Par contre, l’intervention de l’organisme Fondation Rivières et la création d’un regroupement appelé comité «de sauvegarde», avec le militant et auteur, René Boulanger en tête, avaient entraîné une vague de soulèvement assez forte pour que les citoyens de Ste-Ursule votent massivement en faveur d’un référendum sur la décision d’implanter la mini-centrale. Le référendum n’a jamais eu lieu, puisque la municipalité a cru bon de simplement laisser tomber le projet.
Quelques semaines plus tard, le CA annonçait le non-renouvellement du mandat de la coordonnatrice du parc, Fannie Larivière. Ce qui avait provoqué la grogne d’une certaine partie de la population, dont le comité de sauvegarde, qui disait ne pas comprendre ce verdict, puisque Mme Larivière avait exécuté une saine gestion du parc financièrement.