Budget du Québec: les établissements de santé s’inquiètent

Le budget présenté par le gouvernement du Québec fait craindre à l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) que les établissements n’aient plus la capacité de maintenir l’accès et la qualité des services offerts.

L’AQESSS a rappelé que l’an dernier, le gouvernement s’était engagé à augmenter les budgets de la santé de 4,8 % par an, et ce, jusqu’en 2017-2018. «Or, le budget déposé la semaine dernière prévoit uniquement une augmentation de 3 % des budgets de santé et de services sociaux en 2014-2015, soit 938 M$, auxquels s’ajoutent 38 M$ supplémentaires reliés à la contribution santé», a mentionné Diane Lavallée, directrice générale de l’AQESSS.

«Le manque à gagner qui résulte de cette décision s’élève à 635 M$ pour 2014-2015 seulement, ajoute-t-elle. Le budget ne contient de plus aucun engagement pour les années subséquentes.»

Rappelons que dans ses représentations prébudgétaires, l’Association a évalué les besoins financiers des établissements pour l’année 2014-2015 à 834 M$, et ce, uniquement pour assurer le maintien et la qualité des services actuels. «Cependant, l’augmentation globale de 976 M$ doit se répartir entre l’ensemble des besoins du système, notamment l’augmentation des coûts des médicaments, la hausse prévue de la rémunération des médecins et les besoins des établissements», indique Mme Lavallée.

Une entente avec les médecins

L’AQESSS salue la volonté du gouvernement de négocier une nouvelle entente avec les médecins, qui permettrait d’étaler sur une plus longue période la hausse salariale de 540 M$ prévue en 2014-2015.

«Parce qu’il repose sur une hypothétique entente avec les médecins quant à l’étalement de la hausse de leur rémunération, le budget présenté ne permet pas aux établissements de garantir le maintien de l’accès et de la qualité des services offerts. En l’absence d’une telle entente, plus de la moitié de l’augmentation de l’enveloppe globale consentie à la santé cette année irait en effet au financement de la hausse de rémunération des médecins, ce qui se traduirait par des compressions d’au moins 400M$ dans les établissements», a déclaré la directrice générale.

De son côté, Jacques Fraser, président du conseil d’administration du CSSS du Haut-St-Maurice et membre du CA de l’Association, a fait savoir que «le gouvernement du Québec devra faire des choix quant aux services qui seront coupés. Ce n’est pas aux établissements de le faire.»

Il semble par ailleurs qu’aucun établissement de santé ne sera épargnés, si coupures il y a. «Qu’on soit en régions éloignées ou dans des grands centres, j’ai bien peur que tous y passent. Les prochains mois seront cruciaux pour l’avenir du réseau public de santé et de services sociaux», a souligné Diane Lavallée.

Financement axé sur les patients

L’Association se réjouit de la volonté du gouvernement d’aller au-delà des projets pilotes et d’instaurer, dans trois secteurs d’intervention, le mode de financement axé sur les patients. Il s’agit d’un mode de financement pour lequel l’AQESSS milite depuis plusieurs années et qui permettra de mieux connaître les coûts, d’améliorer la qualité des soins et de favoriser une meilleure équité dans la distribution des enveloppes budgétaires.

À propos de l’AQESSS

L’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux regroupe 125 membres, soit les 92 centres de santé et de services sociaux (CSSS), les centres hospitaliers universitaires, les centres hospitaliers affiliés, les instituts universitaires et des établissements et CHSLD à vocation unique.