Saint-Barnabé déplore la façon de faire de Trois-Rivières

Tarifs pour l’utilisation des infrastructures sportives

POLITIQUE. La méthode employée par la Ville de Trois-Rivières pour faire connaître aux municipalités de la MRC de Maskinongé l’imposition de nouveaux tarifs aux non-résidents qui utilisent leurs infrastructures sportives cause du mécontentement. Le 25 septembre dernier, la Ville de Trois-Rivières informait la Municipalité de Saint-Barnabé qu’elle avait procédé à une étude visant à déterminer les coûts d’exploitation pour l’utilisation de ses infrastructures sportives. Dans ce document dont l’Écho de Maskinongé a obtenu copie, Trois-Rivières indique que «cet exercice nous a permis de constater que plusieurs utilisateurs qui ne résident pas sur le territoire trifluvien sont inscrits aux activités de nos organismes et utilisent les infrastructures que nous mettons à leur disposition». La Direction de la culture, des loisirs et de la vie communautaire de la Ville de Trois-Rivières a aussi répertorié le nombre de non-résidents qui participent à chacune des catégories de disciplines et de sports ainsi que la portion des coûts se rattachant à l’utilisation des installations, par participant. Ces constats amènent Trois-Rivières à solliciter la participation financière des non-résidents puisque des frais s’ajouteront au coût initial de l’inscription, et ce, dès le début de 2019. On parle de 138$ pour les sports nautiques et aquatiques, 144$ pour les sports pratiqués en gymnase, 311$ pour les sports sur pelouse et 716$ pour les sports sur glace. Rencontre La Ville a demandé la tenue d’une rencontre avec le maire Michel Lemay afin de lui exposer les constats, mais également de lui partager les solutions qui s’offraient à sa municipalité pour minimiser l’impact de la hausse des tarifs imposés aux non-résidents. À cet effet, Saint-Barnabé s’est dite surprise de recevoir cette demande puisqu’en aucun temps, Trois-Rivières n’avait fait parvenir ses intentions et la position du conseil municipal en lien avec ce projet de tarification pour les non-résidents, par voie habituelle de résolution, avant d’appliquer cette nouvelle politique. «Nous avons finalement obtenu la résolution en novembre, plus d’un mois après la demande de rencontre, alors que notre budget était pas mal terminé. Il n’y a eu aucune discussion politique pour nous préparer à leur désir de taxer les municipalités. Ils nous demandent une rencontre pour nous expliquer la participation financière qu’on doit assumer. C’est comme si c’était de l’acquis et que Trois-Rivières s’attendait à recevoir un chèque provenant de notre municipalité. Pour la prochaine année, ils peuvent oublier ça», analyse M. Lemay. Dans le budget annuel de la municipalité qui s’élève à plus de 1,5 M$, Saint-Barnabé se réserve environ 100 000$ pour les loisirs. Pour 2019, la municipalité a doublé le montant mis de côté pour l’aide directe offerte aux citoyens qui pratiquent un sport à l’extérieur de la municipalité. «Je pense que nos citoyens sont matures pour voir s’ils sont prêts à assumer les coûts liés au sport qu’ils pratiquent à l’extérieur. Les familles ont aussi des choix à assumer. On a décidé d’aider nos citoyens, mais il y a des limites à ce qu’on peut faire. Il faut être conséquent dans nos gestes». Responsable de ses choix Michel Lemay reconnait que les coûts d’exploitation des infrastructures sportives sont élevés. Toutefois, il estime que les municipalités-propriétaires ont une responsabilité et bien souvent des revenus supplémentaires qui permettent d’offrir ces infrastructures. «Je suis bien conscient que nous avons des municipalités encore plus près de nous, comme Shawinigan, Saint-Boniface et Louiseville qui ont des besoins et qui demandent de l’aide. Elles sont elles aussi dans la même situation que Trois-Rivières, notamment au niveau des arénas. La journée que ces municipalités-là font des investissements, elles ne nous demandent pas si ça fait notre affaire. Le colisée en construction à Trois-Rivières, on n’a pas eu à dire si ça faisait notre affaire et si on allait l’utiliser. Et là, on nous demande de payer pour aider la ville», illustre le maire de Saint-Barnabé. «Avec les arénas, entre autres, ce sont des coûts importants qui ne se rentabilisent jamais. Ce sont des choix. On ne sait pas jusqu’où ça va aller et quand ça va s’arrêter. Je pense qu’à un moment donné, il va falloir avoir une bonne discussion pour que tout le monde soit heureux», croit M. Lemay. Saint-Étienne n’embarquera pas La Municipalité de Saint-Étienne-des-Grès a elle aussi reçu une demande similaire de la Ville de Trois-Rivières. Le maire ne prévoit pas lui non plus répondre positivement à la demande. «On a eu la même demande. Il y a eu une rencontre entre les fonctionnaires. Ils ont le droit d’augmenter leurs tarifs, mais nous on estime que ce sera comme avec Shawinigan, c’est-à-dire utilisateur-payeur. Si des gens veulent aller pratiquer des sports à Trois-Rivières, ils devront assumer la totalité de l’augmentation», répond le maire. Robert Landry estime que sa municipalité possède déjà la plupart des infrastructures nécessaires pour la pratique de différentes activités sportives. Sinon, des ententes sont conclues avec des partenaires. À titre d’exemple, pour le hockey, les citoyens utilisent l’infrastructure de Saint-Boniface. D’ailleurs, Saint-Étienne-des-Grès affirme être ouverte à participer financièrement aux améliorations qui doivent être apportées à l’aréna de Saint-Boniface. «On est prêt à participer parce que nous, on met les efforts sur les jeunes qui pratiquent un sport de participation. Aussitôt qu’ils sont rendus dans au niveau compétitif ou dans l’élite, on demande aux parents de financer cette partie», informe M. Landry. «Il est évident que les municipalités devront bientôt s’asseoir et discuter de l’utilisation des infrastructures. À Saint-Étienne, on a déjà amorcé le travail. Si on se met ensemble, on réussit à avoir quelque chose de beau et de bien en région. Il faut penser à se regrouper et à avoir des coûts abordables». Municipalités touchées par cette mesure Saint-Étienne-des-Grès Yamachiche Charette Maskinongé Saint-Boniface Saint-Barnabé Louiseville Shawinigan n’a pas eu ce qu’elle voulait En 2016, la Ville de Shawinigan avait demandé des compensations financières aux municipalités voisines pour l’utilisation de ses infrastructures municipales. Devant l’impossibilité d’en venir à une entente, Shawinigan a doublé les frais de non-résidents pour le hockey mineur, qui sont passés de 400 $ à 800 $. Des changements tarifaires sont également survenus dans plusieurs autres disciplines. Les municipalités de Saint-Boniface, Saint-Étienne-des-Grès, Saint-Élie-de-Caxton, Saint-Mathieu-du-Parc, Saint-Paulin et Charrette n’avaient pas acquiescé aux demandes de la Ville de Shawinigan, préférant ainsi le principe de l’utilisateur-payeur. Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon