Le CRTC sensibilisé aux milieux ruraux

INTERNET. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a complété, en avril dernier, des audiences entourant les télécommunications au cours desquelles près de 80 personnes, organismes, associations ou entreprises ont participé.

Cette démarche a été initiée par le CRTC et a permis d’examiner les besoins de base des télécommunications au Canada. L’organisme public désirait s’assurer de la disponibilité des services de base et abordables pour l’ensemble des contribuables du pays.

Les compagnies de téléphone, d’Internet et de câblodistribution locales et rurales, indépendantes également connues sous le nom des Petites entreprises de service local titulaires (PESLT) étaient activement engagées dans le processus et ont participé à ces audiences. Ces entreprises, rappelons-le, opèrent exclusivement dans les zones rurales et les petites municipalités. Elles sont loin des grands centres majeurs desservis par les grands joueurs où l’Internet à large bande est facilement disponible et abordable.

Dans la MRC de Maskinongé, nombreuses sont les municipalités où les réseaux téléphoniques cellulaires et les réseaux Internet sont déficients ou absents.

«En 2016, je considère qu’il est obligatoire de donner un service de base de haute qualité partout au Canada. Les grandes compagnies comme Bell et Telus desservent principalement les endroits à haute concentration, là où c’est payant. La technologie filaire est saturée. Les petites entreprises des milieux ruraux voudraient offrir un service adéquat en téléphonie et pour l’Internet, mais c’est trop coûteux pour elles. Il n’y a pas aucun retour sur l’investissement avant au moins dix ans», commente Serge Désy, directeur général de l’Association des compagnies de téléphone du Québec (ACTQ).

Or, le Regroupement canadien des compagnies de téléphone indépendantes qui englobe les Petites entreprises de service local titulaires au Canada, a milité pour offrir un service de haute qualité dans les milieux ruraux.

Une vitesse Internet supérieure réclamée

Lors de ces audiences, plusieurs grandes entreprises ont affirmé qu’il n’y avait aucun problème d’accès large bande puisque, selon l’analyse du CRTC, 96% des ménages canadiens peuvent souscrire à des vitesses de téléchargement de 5 Mégabits. Toutefois, les services offerts ne tiendraient pas compte de la forte demande croissante de la bande passante, des distances et de la topographie du milieu. «Si on regarde la problématique dans une perspective globale, beaucoup plus de 4% des ménages n’ont pas accès à cette vitesse de téléchargement. Le président du CRTC a lui-même indiqué que le service Internet à large bande était vital. Ça prendrait une vitesse minimale obligatoire de téléchargement de 10 Mégabits partout», croit M. Désy.

En obligeant les fournisseurs et les compagnies à offrir ce type de service obligatoire minimal de 10 Mégabits, Serge Désy estime qu’il faudra que des subventions soient octroyées par le CRTC pour permettre aux entreprises de développer des projets durables de déploiement afin de couvrir tous les secteurs sans exception dans le pays.

«À la suite de ces audiences, il est certain que le CRTC va dicter une ligne de conduite pour tout le monde. En ce moment, il n’y a aucune analyse positive de rentabilité pour déployer plus loin des réseaux plus fiables à large bande dans les zones rurales. Puisque les grands joueurs ne démontrent pas aucun intérêt pour des investissements à large bande dans les secteurs ruraux, il va falloir que le Conseil impose une vitesse minimale pour assurer un service adéquat pour tous les résidents et réglementer ces services autant dans les milieux ruraux que dans les grandes villes.»

Demandes du regroupement des PESLT

– Vitesse minimale de 10 Mégabits en téléchargement

– Vitesse minimale de 3 Mégabits en téléversement

– Des règlements précis pour bien servir la population

– Des subventions à la première entreprise qui décidera de déployer les services de télécommunications dans un milieu rural jusqu’à l’arrivée d’un autre compétiteur

– Que chaque Canadien ou Canadienne participe de façon significative à l’économie numérique

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