La voix officielle du festival se retire

LOUISEVILLE. Le Festival de la galette de sarrasin de Louiseville perd une de ses icônes. Âgé de 76 ans, Paul Gélinas a décidé de remettre au prochain le micro qu’il utilise depuis plus de 37 ans.

Son implication au sein du festival remonte au-delà des 37 années de l’évènement. Elle a débuté lors d’une réunion de motoneigistes du Club Armony à Saint-Barnabé.

«À ce moment-là, je voulais changer un peu la façon de voir les choses. J’avais dit aux membres que je voulais faire un souper à la galette de sarrasin. Une dame Descôteaux de là-bas a fait de la galette pour 250 personnes! Ça date de plusieurs années, mais plusieurs idées sont sorties de ce souper et le festival a été créé par la suite», se souvient Paul Gélinas.

Plusieurs invités ont participé à cette soirée et ont travaillé ensemble pour fabriquer de toutes pièces le premier Festival de la galette de sarrasin de Louiseville.

Implications

La voix officielle du festival a été impliquée dans l’animation des conférences de presse, dans l’animation du traditionnel défilé folklorique le dernier dimanche de l’évènement, dans la promotion de l’évènement, mais aussi dans la présentation des différents spectacles et du couronnement de la reine meunière.

«Mon association avec le festival a été très agréable. Je ne peux pas dire que j’ai fait réellement du bénévolat comme les gens le font. Je travaille pour le Groupe Bellemare et j’avais l’opportunité de parler de l’entreprise quand je voulais. Je portais l’épinglette Bellemare. Dans ma tête, je pensais que je faisais du bénévolat, mais au fond, c’était comme si je travaillais pour Bellemare en parlant d’un évènement qui me tenait à cœur. Les gens m’ont associé comme étant la voix officielle de festival, mais aussi le représentant de Bellemare, sourit-il. Même quelques personnes m’appellent Paul Bellemare parfois.»

De beaux souvenirs

À travers toutes ces années, Paul Gélinas retient que de bons souvenirs.

D’abord, l’idée de faire la plus grosse galette de sarrasin au monde et l’inscrire dans le livre des records Guinness. Une activité qui s’est concrétisée, mais qui n’a finalement pu être inscrite aux records Guinness en raison du décès du président du festival Albert Lavaute.

«Pour faire cette galette, j’avais pris les plus gros équipements de Bellemare parce que c’était leur activité. Le plus gros loader, camion, vanne de ciment, il y avait des équipements pour un million de dollars! Réjean Beaudoin était le cuisinier et Yvon Deshaies était dans le mélangeur. Paul-Émile Caron avait contribué en fournissant la plaque de 100 pi². C’était noir de monde et tout le monde avait pu en manger! On avait tout pour homologuer notre galette à l’échelle mondiale; document de la ville, document du ministre Yvon Picotte, photos et d’autres preuves que détenait le président Albert Lavaute. Par contre, lors de son décès, nous n’avons jamais retrouvé les documents et il n’y a pas eu aucun suivi», rappelle M. Gélinas, initiateur de cette démarche.

Ensuite, l’homme qui a véritablement le festival de la galette tatoué sur le cœur considère que la promotion de l’évènement au cœur de Montréal fut également un bon moment.

«Je me souviens que le Père Sarrasin avait été invité à Montréal par un ami journaliste au Journal de Montréal pour faire de la galette et promouvoir notre festival sur le boulevard René-Lévesque. On avait distribué de la galette en plein milieu de Montréal, c’était super!», ajoute-t-il fièrement.

Enfin, Paul Gélinas considère que le festival a pris un tournant important lorsque les frères Deveault ont investi dans leur communauté en donnant un endroit propice pour la tenue d’activités ou de spectacles à l’abri, soit la Place Canadel.

«J’ai été la première personne à parler au public dans la Place Canadel. Après avoir remercié les frères Deveault, je me souviens d’avoir dit enfin une place où est-ce qu’un animateur peut parler et être compris par tout le monde parce que le son est généralement impeccable.»

S’il y avait quelqu’un qui s’occupait bien des artistes ou de s’assurer que les cérémonies soient rodées au quart de tour, c’est bien Paul Gélinas. Il avait le goût de s’investir afin que les choses soient bien faites et que personne ne manque de rien. Ce dernier supervisait les opérations sans que quelqu’un lui demande vraiment.

Départ vers la retraite

En plus d’être la voix officielle du Festival de la galette de sarrasin de Louiseville, M. Gélinas a occupé plusieurs fonctions au sein du Groupe Bellemare.

Il prend d’ailleurs sa retraite de cette entreprise après y avoir travaillé durant près de cinquante ans. La principale raison qui le pousse à se retirer du festival est relative à sa déficience auditive.

«J’entends moins bien qu’avant et je dois porter un système numérique. Lors des cérémonies ou des spectacles où le son est fort, j’entends tout, mais je ne comprends rien. Quelqu’un me parle et je ne suis pas capable de comprendre ce qu’il me dit. Du moment qu’il y a un peu de bruit, on me perd. Il n’y a aucune autre raison. J’aime ça, la santé va super bien, sauf que j’ai de la difficulté à bien entendre. Je préfère laisser ma place à une autre personne.»

Au cours des dernières années, Paul Gélinas est demeuré bien présent au festival. Toutefois, son absence fut marquée à l’animation du défilé à cachet folklorique.

«J’ai décroché quand il fallait animer la parade de l’hôtel de ville. On parle du véhicule qui passe devant l’église sauf que ça ne fait pas de sens pour les gens qui sont au bout de la ville. Je suis contre ça d’animer la parade de l’hôtel de ville! Moi, dans le temps, j’étais dans le char allégorique de Loto-Québec et j’animais à partir de là. Je parlais du festival, de son histoire, saluais les gens à l’occasion et parlais des souvenirs durant 2h30 de temps, mais ç’a changé au fil du temps. Il faudrait que ce soit de la musique d’ambiance folklorique dans les haut-parleurs!», croit sincèrement M. Gélinas.

Néanmoins, il a bien apprécié son aventure comme voix officielle du Festival de la galette de sarrasin de Louiseville.

«Mon passage avec le festival fut extraordinaire. J’ai travaillé avec de vrais bénévoles durant plusieurs années. Il y a eu de beaux couronnements, je revois des familles que je côtoyais durant les années passées et ce fut bien plaisant. Je salue et remercie tous les gens que j’ai côtoyés.»

Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon