Sortie publique du maire de Saint-Paulin

Ce mercredi, 9 septembre, à la séance du Conseil des maires de la MRC de Maskinongé, j’ai été interpelé en ces termes : « Comment le maire de Saint-Paulin peut-il voter en faveur d’une proposition sur l’Oléoduc quand son Conseil municipal s’est prononcé contre son passage sur le territoire de la MRC? » Je confirme ici la réponse que j’ai faite et je commente le cheminement de ce dossier à la MRC.

En dépit de la prise de position du Conseil municipal de Saint-Paulin, j’ai voté en faveur de la résolution soumise au Conseil de la MRC parce que les deux résolutions sont totalement différentes. Celle de ma municipalité, adoptée sur division, s’oppose carrément au passage de l’Oléoduc sur le territoire de la MRC de Maskinongé. La résolution de la MRC, adoptée à l’unanimité, est ni en faveur, ni contre le passage de l’Oléoduc; elle dit simplement que si les autorités compétentes décidaient d’installer un Oléoduc sur le territoire, des précautions seraient nécessaires pour assurer la sécurité de la population et protéger l’environnement. Je suis à l’aise avec la prise de position de la MRC. Je ne me suis jamais senti en contradiction avec la position de mon Conseil municipal. Je n’ai aucun remord pour le geste que j’ai posé à la MRC. Et si c’était à refaire, je poserais le même geste.

Le cheminement du dossier à la MRC a été marqué, depuis cinq (5) mois, par les pressions du Comité de vigilance hydrocarbures de la MRC de Maskinongé, dont la volonté clairement affirmée, est que le Conseil de la MRC s’oppose au passage de l’Oléoduc. Pendant les représentations de ce groupe de pression, j’ai été témoin de situations inqualifiables.

D’un côté, la période de questions est encadrée par le Code municipal; il s’agit d’une période de questions orales. En aucun cas, une période de débats ou d’argumentation. Chargé de maintenir l’ordre, le Préfet a dû intervenir à maintes reprises pour que la procédure soit respectée. Les intervenants ne l’ont pas pris, accusant le Préfet de brimer leur droit de parole, de piétiner la démocratie et de leur manquer de respect. Même après qu’il ait proposé le compromis d’acheminer par écrit au Conseil des maires leurs arguments, les intervenants ont maintenu la pression sur notre Préfet et continué de le chahuter.

De l’autre côté, les intervenants ont tenu à l’endroit des membres du Conseil des propos que je considère offensants. On a laissé entendre que les maires n’étaient qu’un ramassis de marionnettes manipulées par un Préfet dictatorial. On a insinué que nous étions mal documentés, que nous ne faisions pas nos devoirs. On nous a fait sentir que nous étions trop ignorants pour bien saisir les enjeux du dossier et incapables de nous tenir debout devant l’industrie et l’Alberta. Évidemment, pareils propos ne nous disposaient pas à épouser leur cause, ni à accueillir favorablement leurs recommandations, notamment celle de mettre en place un groupe de travail conjoint avec des représentants du Comité de vigilance hydrocarbures de la MRC de Maskinongé.

Malgré ce dialogue de sourds, le Conseil des maires de la MRC a pris position à sa séance ordinaire du mois d’août dernier. Dans ce dossier, le raisonnement du Conseil de la MRC me semble clair. Primo, la population consomme des hydrocarbures et le fera encore longtemps. Secundo, cette situation oblige au transport des hydrocarbures. Tertio, parmi les moyens de transport actuels, le transport souterrain, bien que risqué, est celui qui présente le moins de risques pour les citoyens. En conséquence, les maires de la MRC demandent aux autorités gouvernementales, qui ont juridiction en la matière, de prendre toutes les précautions nécessaires si jamais elles décidaient d’aller de l’avant avec le projet d’Oléoduc. Cette prise de position me semble modérée, prudente et responsable. Un mois après l’adoption de notre résolution, je n’ai rien lu ou entendu qui l’invalide.

Maintenant que nous avons agi, comme il se doit, en amont de la décision gouvernementale, je crois qu’il faut laisser le dossier cheminer au provincial et au fédéral. Quand ces autorités se seront prononcées, il sera encore temps d’intervenir en aval de la décision si nous le jugeons pertinent. Je m’engage personnellement à demeurer vigilent et à faire le nécessaire en temps utile. Entre temps, d’autres dossiers de la juridiction de la MRC me semblent plus prioritaires et je militerai pour qu’on s’y consacre.

Serge Dubé, maire de Saint-Paulin.