Une création louisevilloise au Musée canadien de l’histoire

CARICATURE. Même s’il est un peu plus à l’écart qu’auparavant de sa table à dessin, Anthony Delatri continue de savourer les subtilités des caricatures, de faire redécouvrir sur les réseaux sociaux ses créations et d’imaginer l’actualité sous un angle humoristique.

À 94 ans, le caricaturiste de Louiseville a appris que le Musée canadien de l’histoire s’intéresse à l’une de ses 8 000 caricatures produites dans sa carrière. Sa caricature intitulée Les deux langues officielles a été choisie pour être affichée dans l’exposition sur l’Histoire canadienne au Musée canadien de l’histoire situé à Gatineau. Cette exposition sera accessible dès le 1er juillet 2017.

Le dessin présente de façon humoristique la dualité linguistique canadienne qui est parfois conflictuelle. Il a été publié quelque part dans les années 70.

Citoyen de Louiseville et retraité, Anthony Delatri a été surpris d’apprendre que le Musée canadien de l’histoire s’intéressait à l’une de ses créations. Au cours des dernières semaines, il a appris la nouvelle en recevant une communication écrite demandant la permission d’afficher cette caricature lors d’une exposition. «Je suis surpris, mais honoré d’avoir cette demande. Je suis tout à l’envers! Je ne m’attendais pas à ça surtout à mon âge! J’ai encore de la difficulté à comprendre comment ils ont pu trouver cette caricature que j’ai faite il y a bien longtemps», raconte M. Delatri, encore émotif. Il estime que les responsables du musée auraient pu trouver cette œuvre dans son livre de caricatures publié autour de 1975.

Reconnu pour sa plume humoristique, Anthony Delatri a été caricaturiste durant près de 26 ans pour le quotidien régional. Il a consacré plusieurs autres années de sa carrière à diverses publications. Il a notamment été publié durant quelques années dans l’Écho de Maskinongé.

Des caricatures collées à l’actualité

Avec son expérience, le caricaturiste demeure toujours aussi étonné de constater à quel point ses caricatures datant de plusieurs dizaines d’années sont toujours d’actualité. «Plusieurs de mes caricatures ont encore un lien direct avec notre réalité aujourd’hui. Elles sont encore d’actualité! Plusieurs choses ne changent pas, c’est le cas du débat des deux langues officielles qui est encore pertinent aujourd’hui. À l’époque, j’en faisais un peu sur la politique, mais surtout sur la vie quotidienne d’une personne ordinaire», souligne-t-il.

Une bonne caricature

Produire et dessiner une bonne caricature, ce n’est pas une mince tâche, révèle M. Delatri. Même s’il est retraité, il s’assoit, à l’occasion, devant sa table à dessin. «Si j’ai une bonne idée, je vais la faire. Par contre, la main n’est pas comme avant. Quand tu es caricaturiste, plus les années avancent plus c’est difficile et plus tu es exigeant envers toi-même. Faire quelque chose de simple et de bon, ce n’est pas facile!»

Dans ses bonnes années, le Louisevillois pouvait produire jusqu’à deux caricatures par jour. Chacune prenait en moyenne 2h à faire. D’autres pouvaient prendre jusqu’à 5h voire une journée complète. Avant de prendre son crayon noir, il consultait généralement cinq journaux à son réveil.

Son entrée au Musée canadien de l’histoire n’est pas le seul honneur qu’il a récolté en carrière. Il se souvient que ses œuvres ont été utilisées à plusieurs reprises lors d’évènements et dans différentes circonstances. Il se souvient notamment d’une caricature utilisée par la Commission Kent, une commission royale d’enquête mise sur pied en 1980 par le gouvernement canadien au sujet de la concentration de la presse au pays. Elle a servi à illustrer la problématique. «J’ai eu quelques honneurs dans ma carrière, mais celui-là est particulier parce que la caricature va rester longtemps au musée», conclut-il fièrement.