Guerre des bacs: les Dames Charitables sont inquiètes

Sans le savoir, l’Entraide Diabétique du Québec (EDQ) a lancé une véritable guerre de bacs aux Dames Charitables de Louiseville, qui peinent maintenant à survivre. Leur récolte de linge et d‘accessoires a chuté drastiquement depuis que l’EDQ a installé trois bacs à Louiseville et propose d’aller chercher les dons dans les résidences.

Auparavant, l’EDQ était plus discrète avec un seul bac sur le boulevard St-Laurent-Est, près de la Banque Nationale du Canada et de la pharmacie Jean Coutu. Désormais, trois bacs sont accessibles via le principal boulevard louisevillois et un système de collecte à domicile est implanté. Ces démarches sont mal perçues par les Dames Charitables, d’autant plus que l’argent recueilli par l’EDQ n’est pas réinjecté directement à Louiseville.

«Là ils ont des tentacules pas mal, fustigait la présidente des Dames Charitables, Claire Larouche. Ils font des téléphones et passent dans les maisons. C’est facile pour les gens de mettre leur petit sac sur la galerie. Ils ne sont pas obligés de venir le porter. C’est plus facile aussi de le laisser à l’épicerie que de faire le détour pour aller le porter à l’église. Les gens font une bonne action quand ils leur donnent leurs choses, sauf que ça ne revient pas ici, c’est là qu’elle est la problématique.»

l’Entraide Diabétique et le Village des Valeurs

Les dons recueillis par l’EDQ sont envoyés à un des magasins Village des Valeurs, pour environ 8$ la poche. Une partie des profits est ensuite transmise au bénéfice des diabétiques. Sylvain Berthiaume est directeur du bureau trifluvien de l‘EDQ, responsable de la cueillette à Louiseville. Il se défend de vouloir nuire aux organismes locaux.

«On ne peut pas se mettre à faire des enquêtes pour savoir où il y a des organismes qui recueillent du linge et où il n’y en a pas. On n’a aucune subvention du gouvernement, on n’est pas une compagnie agressive, plaide-t-il. Il y a encore plein de textiles qui sont enfouis et qui ne sont pas amassés.»

Les fonds récoltés par l’EDQ servent à faire avancer le combat contre le diabète au Québec. L’an dernier, l’organisme a remis une somme de 650 000$ qui a essentiellement profité à la recherche, mais aussi aux soins directs apportés aux gens qui souffrent de la maladie. On estime le nombre de personnes atteintes de cette maladie dans la province à 760 000, dont 200 000 qui l’ignorent.

«S’il n’y a pas de revenus, les paniers en souffrent.»

De leur côté, les Dames Charitables sont inquiètes de la tournure des évènements. Outre une quête symbolique, l’organisme implanté dans la région depuis 1898 n’a qu’une seule autre alternative pour recueillir l’argent nécessaire à la conception des paniers de Noël et c’est la récolte de linge et de matériel. «S’il n’y a pas de revenus, les paniers en souffrent», explique Mme Larouche.

Le matériel amassé par les Dames Charitables est acheminé au Vestiaire St-Antoine-de-Padoue annexé à l’église du même nom. À cet endroit, il est trié, étalé, puis mis en vente à prix modique.

Desneiges Wafer est bénévole depuis 1995 au Vestiaire, elle a remarqué une forte baisse concernant les vêtements recueillis et les profits directement liés.

«On mange la claque. Notre seul bac est ici, le monde se déplace moins. C’est pour ça que j’ai mis une petite annonce dans le journal. Je ne veux pas dénigrer les autres, je veux promouvoir notre cause.»

Faute d’un arrivage significatif cette année, le Vestiaire a dû se rabattre sur le linge recueilli l’an dernier pour remplir ses étagères.

Des pistes de solution

À ce jour, les Dames Charitables n’ont pas tenté de contacter l’EDQ. Elles désirent plutôt faire une offensive à leur tour, afin d’implanter de nouveaux bacs à des endroits stratégiques. Elles pourraient notamment s’entendre avec le marché IGA de Louiseville pour substituer celui appartenant à l’EDQ.

Les paniers distribués à Noël sont vendus aux démunis pour la somme de 7$, la valeur moyenne des paniers est estimée à 10 fois ce prix, soit 70$.

Pour l‘instant, il est hors de question d’augmenter le coût des paniers, a fait savoir l’organisme.

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